Cracmol en perdition !

Aussi étrange que cela puisse paraître, durant ses vacances de noël, Abigaël a parlé surement pour la première fois depuis qu’elle et sa mère ont emménagé avec ses voisins. Non, qu’ils soient méchant mais elle n’avait jamais réellement pris le temps de les connaître, toujours occupé à faire ses devoirs, à se balader un peu partout avec sa cousine, ou à vaquer à des occupations aussi diverses que varier. Ce fut à partir du moment où Gabrielle et Abi étaient rentrées de leurs petit séjour chez la tante d’Abigaël que cette dernière se lia tout doucement avec le couple habitant la maison à coté de la leurs. Avait-elle changé à ce point depuis qu’elle sortait avec James ? Non aucun rapport avec James, ce rapprochement n’était pas lié avec le fait qu’elle sortait avec James. Bien qu’il avait une grande emprise sur elle, Abi restait Abi, il ne pouvait changer qu’une façade de sa personnalité mais pas sa personnalité en entière. Quoiqu’il en soit, le moteur de ce changement d’attitude résidait en une petite touffe de poils ou plutôt une grosse touffe de poils répondant au nom de Tommy. Dès les premiers regards échangeaient avec ce chien, Abigaël l’adorait déjà. Le couple Peterson s’était offert cet animal de compagnie pour leur noël au grand bonheur des deux membres de la famille. C’était donc ainsi qu’Abigaël s’était retrouvée deux jours de suite à s’amuser avec le chien de ses voisins qui se faisaient une joie de la laisser s’occuper de leur bête puisqu’ils devaient partir travailler. Voyant sa fille s’amusait avec le petit Tommy, Gabrielle ne put s’empêcher de prendre des photos avec son appareil afin qu’Abi garde un souvenir de ses vacances de noël. C’est donc ainsi qu’Abi se retrouva avec deux clichés différents sur son bureau : une première où elle était assise à coté de Tommy et où ce dernier était en train de s’amuser comme à son habitude selon les Peterson à lui léchouiller le visage ; et une deuxième où la jeune Delacour et Tommy étaient en train de jouer avec une balle et où ce dernier n’avait pas trouvé d’autre idée que de la pousser afin de récupérer la balle qu’Abi cachait. Enfin bref, tout cela pour dire que la deuxième semaine de vacance de la jeune Serdaigle passa aussi vite que la première quelle avait passé en compagnie de sa tante et de Victoire. Et sans oublier bien sur la soirée du réveillon de Noël en compagnie de toute la "petite" famille pendant laquelle la jeune Delacour a pu revoir James.
Il était près de dix heures du matin quand Abigaël commença à se réveiller ce matin là. Qu’avait-elle prévu aujourd’hui ? Journée avec Tommy ? Petite promenade dans les bois avec pour seul compagnie un chien de un an et demi ? Elle en rêvait, mais elle avait dit la veille aux Peterson qu’elle allait essayer de ne pas squatter Tommy le lendemain. Bien que ses voisins lui avait confirmé que cela ne les dérangeaient en rien, elle avait décliné leur offre sous peine de devenir dépendante de cette boule de poils qui la faisait tant rire, et puis elle s’était promis d’aller se balader vers le Chaudron Baveur où elle pourrait surement passer la journée avec James. Rêver n’est pas interdit ! Ayant trouvée son occupation de la journée, Abi se leva donc, poussant ses couettes d’un geste endormi et se laissa guider par ses pieds non assurés vers sa penderie où elle commença à émerger des bras de Morphée. Fronçant les sourcils, elle réfléchit longuement à sa tenue pour enfin se rabattre sur une mini jupe, un collant (oui, comme même on était encore en hiver) et un T-shirt noir. La simplicité était bien aussi, se disait-elle en se dirigeant vers la salle de bain.
En sortant, elle entreprit de brosser ses longs cheveux blonds, mais en sachant d’avancer qu’elle ne métriserait jamais ses boucles. Trouvant que les laissaient boucler n’était pas une si mauvaise idée, elle les laissa tomber sur ses épaules, et commença à se maquiller. Fin prête, elle mit ses bottes et attrapa une sorte de casquette qu’elle posa sur sa tête. Et bien voilà, de la simplicité on peut faire semblant que la tenue était recherchée ! Lorsqu’elle descendit pour rejoindre sa mère dans la cuisine celle-ci était en pleine réalisation d’un plat pour ce midi. Elle se posa contre l’encadrement de la porte menant du hall d’entrée à la cuisine et sourit à sa mère. Gabrielle voyant sa fille ainsi rayonnante lui adressa un léger signe de tête afin que la jeune fille vienne l’aider. Abi vint jusqu’à elle et lui donna un coup de main pour fignoler les préparatifs de ce qui portera par la suite le nom de poilée de légume à la Gabrielle Delacour.

-Tu as prévu de sortir cette après-midi, ma chérie ?

-Euh, oui... Pourquoi tu voulais que je reste pour t’aider à quelque chose ?

-Non, non. Vas t’amuser ! Tu passeras le bonjour à James pour moi.

Avec un regard étonnée et amusée, Abi regarda sa mère mais ne put retenir un petit rire. Comment faisait-elle pour lire en elle comme cela ? Relation mère/fille ? Peut-être. Quoiqu’il en soit, Abigaël était heureuse que sa mère ne veuille pas qu’elles en parlent pendant quatre ans autour d’un café et que Gabrielle lui laisse le temps et l’opportunité dans parler d’elle-même quand elle le voudrait, c’est-à-dire pas pour le moment.
Après le bon repas qu’elles avaient partagé, Abi s’éclipsa dans le jardin afin de voir Tommy. Oui, bon d’accord, elle s’était dit qu’elle allait essayer de ne pas le voir mais s’était trop dur. A travers la fine séparation entre les deux propriétés, Abi entrevit le chien qui essayait en vain de creuser un trou afin de passer dans le jardin de la jeune Serdaigle. Avec un petit rire, Abi le fit stopper son creusage. Sautant afin que la jeune Delacour le caresse, Tommy aboya doucement.

-Non, mon pépère, pas aujourd’hui. Je viendrais te voir en rentrant. Allez !

Elle le caressa une dernière fois et revint sur ses pas afin de rentrer. Elle lança un "J’y vais !" français et se dirigea vers la cheminée où elle prit une poignée de poudre et y entra.

-Chaudron Baveur !

Elle arriva dans le pub dans un tourbillon vert. Il ne lui fallut que quelques secondes pour reprendre ses esprits. Ce moyen de transport était rapide mais peu confortable. Sa tête lui tourna encore quelques minutes puis elle retrouva pleinement sa capacité à marcher droit et à réfléchir. S’avançant d’un pas lent vers le comptoir, elle fronça les sourcils en reconnaissant les cheveux blonds de...

-Leslie ?!

Détournant son avancée vers le comptoir elle bifurqua vers une table où Leslie n’était pas seule. Oups, Abi allait peut être gêné, mais comment pouvait-elle s’éloigner en faisant genre qu’elle n’avait pas du tout prononcé le prénom de sa camarade.

Pendant ce début de semaine fort divertissant de part la présence toujours joyeuse de Tommy, Abi avait échangé quelques nombreuses lettres avec James. Ils avaient arrêtés depuis deux jours à cause de l’état de leurs hiboux respectifs, mais elle avait fait promettre au jeune Potter qu’ils tenteraient de se voir un de ces jours aux chemins de Traverse. C’est pourquoi ce matin avant de descendre rejoindre sa mère dans la cuisine, Abigaël avait griffonné ces quelques mots sur un bout de parchemin : "Je vais surement aller faire un tour du coté du Chaudron Baveur cet après-midi. Si tu le peux, essaies de me rejoindre. Je t’aime. Abi.", avant de le fixer à la patte de son hibou et de lui dire d’aller jusqu’à la résidence des Potter. Elle n’avait pas eu de réponse avant de partir par les conduits de cheminée. James n’était pas être pas chez lui, ou alors la famille Potter avait prévu une petite sortie tous ensemble, ou, dernière possibilité envisager par notre chère Serdaigle, son hibou s’était perdu en route. Enfin bref, même si elle n’avait pas la possibilité de croiser James aujourd’hui, elle n’allait pas en faire toute une histoire. Quoique.
Le visage de la jeune Owen tentant en vain de se débattre avec une petite brunette surexcitée et de retirer l’un de ses pulls, rappela à la Serdaigle certains souvenirs de Poudlard (qu’elle n’avait pas oublié, mais mis de coté en mode vacance) et particulièrement le passage dans la bibliothèque. Ça a surement été la dernière fois où Abi avait croisé Leslie avant cette rencontre dans le Chaudron Baveur. Elles s’étaient peut être croisées avant de rentrer dans leurs maisons respectives, mais la Delacour ne s’en souvenait plus. Leslie était-elle rancunière par rapport à la récente nouvelle du couple Abi/James ? En voulait-elle à Abi de lui voler son meilleur ami ? Elle espérait que non. C’est donc avec un pas lent et léger que la jeune rédactrice en chef du journal du lycée s’avança vers la Gryffondor. Elle s’arrêta à la hauteur de la table où était assise Leslie, et elle commença par lui sourire puis laissant son regard dévié vers la petite assise à son coté, Abi se demandait qui pouvait-elle bien être. Sa sœur ? Demie, alors. Entendant des bruits de pas qui arrivaient vers elles, Abi releva son regard vers la source de ces pas croyant qu’il venait de Tom ou de James (il n’est pas interdit de rêver). Mais à sa grande surprise, elle découvrit un jeune homme portant trois boissons ouvrant la bouche telle la carpe moyenne. Ne sachant que faire, elle lui sourit. A une époque, elle s’était habituée à ces regards stupéfaits et admirateur, mais cela l’a gêné un minimum envers James. Comment Victoire faisait-elle pour accepter qu’on la regarde ainsi alors que Ted l’aimait et réciproquement depuis des années ? Regardant vers Leslie, elle vit à sa grande surprise qu’elle échangeait un regard avec le jeune garçon qui venait d’arriver. Le connaissait-elle ? En tout cas, Abi décela un certain air de famille entre le jeune homme et la petite surexcitée à coté de Leslie. Les trois consommations que portait le jeune garçon étaient surement destinées à Leslie, la petite, et lui-même. Cela faisait sens. Espérant ne pas être arrivé en plein milieu de quelque chose d’important, Abi tenta d’installer une conversation sous peine de laisser ce silence gênant prendre trop de place entre eux.

-Alors Leslie, comment se passe tes vacances ? Tu sembles être en...

Laissant sa phrase en suspend, elle passa son regard de Leslie à la petite brunette, et elle regarda de nouveau le jeune homme qui avait fermé sa bouche ainsi il ressemblait moins à une carpe sur pieds. En se concentrant et en mettant de coté qu’elle était déjà avec quelqu’un, Abi trouvait qu’il avait du charme, enfin il avait un quelque chose de différent des autres étudiants de Poudlard qui lui lançait le même regard. Elle avait peut être tord. Ayant peur que se phrase soit trop banale et surtout inachevée, elle tenta de reprendre.

-Ce sont des amis à toi Leslie, ou peut être des membres de la famille ?

Ecoutant Leslie essayait d’aligner un mot après l’autre, Abigaël était restée debout, afin pour le moment du moins. Un pincement au plus profond de son être se fit lorsque Leslie butta sur le prénom de James et qu’elle tenta de rire. La relation entre les meilleurs amis ne s’étaient toujours pas amélioré se dit Abi, en se pinçant la lèvre inférieure, et elle en était en plein milieu. Enfin elle était surtout la base de tous ces changements dans les relations du jeune Potter et de la jeune Owen, et elle s’en voulait vraiment, elle aurait tellement voulu mettre de coté ses sentiments pour James afin que ce dernier l’oublie et la laisse dans son esprit au rang de jumelle incontestée de Victoire Weasley comme tous les autres étudiants de Poudlard. Cette réputation ne la dérangeait qu’à moitié. Mais voilà, les choses se sont passées ainsi et elle n’a pas pu refouler ses sentiments à l’encontre du jeune Potter. Mais à quel prix ? Au prix de gâcher l’amitié entre les deux meilleurs amis du monde ?! Abi espérait que non et qu’ils retrouveraient leur ancienne relation.
Un petit rire s’échappa de la gorge de la jeune Delacour lorsque la jeune Gryffondor fit référence à son imitation de l’accent américain et la démo payante, cette fille était vraiment unique . Alors les deux inconnus, enfin plus si inconnus maintenant aux yeux d’Abigaël étaient américains. Elle les regarda durant quelques secondes avant de revenir vers la petite blonde qui tentait un recule pour laisser Abi s’installer à leurs table. Articulant un doux "Merci" elle se faufila entre Leslie et la petite Madison et s’assit. Souriant à sa voisine de droite, elle revint vers... Jake -oui c’est bien ce que Leslie lui a dit il y a cinq secondes et demie- qui lui offrait une bièraubuerre. Prenant la chope, elle lui articula un large sourire. Le temps que le nouveau frère de Leslie aille se chercher autre chose à boire, Abigaël se tourna vers Leslie afin de reprendre une conversation pour ne pas laisser trop de blanc gênant entre elles.

-S’ils sont américains, ils ne connaissent pas cet endroit ?! Tu leur fais une petite visite guidée de notre beau pays.

Peu de temps après, Jake revint avec ce qu’Abi reconnut comme étant un verre de Whisky pur feu, mais l’attention de la jeune Delacour fut attirer par la voix enfantine de petit e Madison qui commençait à parler aussi vite et aussi peu audible qu’une machine à laver. L’accent des américains était vraiment bizarre, mais elle réussit tout de même à comprendre l’essentiel de sa phrase qui d’ailleurs fut inachevée par cause de coup à l’épaule. Essayant de ne pas faire attention à l’intervention de Jake, Abi répondit à Madison un sourire aux lèvres.

-Oui, tu as raison je suis française... Et merci pour ces compliments que tu me fais, c’est très gentille de ta part. Et...

Regardant dans la direction de Jake, elle sourit légèrement avant de revenir vers la petite brunette.

-Non, je ne connais pas Miss America, mais je pense que ce n’est pas une grande perte...

Cette dernière phrase lui échappa, mais dans sa langue maternelle heureusement. A part elle-même, aucun autre sorcier ne métrisait le français dans ce pub d’Angleterre.

-Ton frère est donc cracmol, c’est marrant.

Oui, marrant c’était bien le mot. Espérant ne pas l’avoir vexer, elle tenta un doux sourire à son attention.

Après coup Abigaël se dit qu’elle n’aurait peut être pas du faire sa remarque sur les Cracmols, elle ne pensait vraiment pas vouloir vexer Jake avec ses mots, qu’aurait-elle pu dire d’autre d’ailleurs ? Quoiqu’il en soit, elle ne pouvait pas faire marche arrière et elle devait garder cette boule dans le fond de la gorge en voyant le jeune home baissé la tête vers sa boisson qui risquait de lui causer des mots de gorge s’il ne connaissait pas les effets du Whisky-pur-feu. Essayant de se rattraper, elle esquissa un doux sourire à son attention lorsqu’il releva la tête vers elle. Un sourire ne suffirait surement pas à effacer sa remarque blessante, mais s’était déjà un début se disait-elle. Le silence qui régnait entre les adolescents commençait à devenir pesant, mais comment pouvait-elle le rompre ? La jeune Delacour avait déjà tenté à plusieurs reprises à engager la conversation, mais à chaque fois soit elle tombait à l’eau (la conversation, pas Abi), soit la Serdaigle sortait une remarque qu’elle ne pensait pas charger de sous-entendu. Sentant une sorte de grosse tension entre elle et Leslie, elle tenta un regard vers sa voisine, mais n’y trouva qu’une blondinette en train de bugger monstrueusement devant sa bièraubuerre. Ne voulant pas la couper dans ses pensées surement emplies de sagesse et de philosophie, elle se pencha vers sa propre boisson. Malgré l’aspect crasseux de la boisson, elle avait un bon gout enfin pour ce qui était habitué à cela. Elle tenta un gorgée lorsqu’elle vit Jake s’étouffé à moitié avec son whisky-pur-feu. A voir sa réaction cela devait être la première fois qu’il en goutait. Elle aurait voulu l’aider mais qu’est-ce qu’elle pouvait faire : lui faire cracher le liquide ? Lui taper dans le dos ? Non. Et puis s’était un gars à preuve du contraire, et les gars n’aiment pas qu’on les aide à par exception très rare. Après sa petite gorgée du liquide, elle reposa la chope devant elle, et vit le frère de Madison et de Leslie à présent se lever et se diriger vers la porte du pub. Celle coté sorcier ?! Voulait-il visiter le chemin de traverse sans l’aide de Leslie ? Option à envisager. Mais maintenant qu’il était parti l’atmosphère devenait de plus en plus lourd. Réfléchissant, elle trouve une idée, et en poussant sa chaise, elle dit d’une voix douce.

-Je pense que je vais aller faire un petit tour dans le Chemin de Traverse, James arrivera peut être plus tard... Bon et bien, on se croisera surement là-bas. A bientôt Leslie. Madison.

Gratifiant un sourire aux deux demoiselles, elle les laissa à la table qu’elle avait occupée avec elles pour se diriger vers la porte du pub. Souriant à Tom derrière son comptoir, elle enfila sa veste en jean puis poussa la porte. Un vent glaçant lui arriva en pleine figure. Elle aurait peut être du s’habiller autrement ce matin. Bien qu’elle ait mis des collants en laine supposés être plus chaud que la normale, elle regrettait d’avoir choisi cette mini-jupe et de n’avoir pris un manteau plus chaud. Mais elle avait un argument en sa faveur : rien d’autre ne lui était tombé sous la main avant de partir que la veste qu’elle portait. Regardant sur sa gauche, elle vit les magasins colorés et joyeux ce qui la réchauffa un minimum, quoique pas entièrement. Se frottant les bras avant ses mains déjà glacées, elle se tourna vers sa droite. Voyant Jake adossé contre le mur du pub, elle s’avança vers lui, des excuses s’imposait se dit-elle. Voulant dire quelque chose, Jake la coupa dans son élan lorsqu’il lui tendit son blouson en cuir. Dans d’autre circonstance elle aurait bien refusée son offre, mais là il était vrai qu’elle avait froid. Le gratifiant d’un sourire, elle dit en attrapant le blouson du jeune américain.

-Merci, Jake, c’est vraiment gentil.

L’enfilant, elle se demandait ce que penserait James s’il la voyait avec un blouson six fois trop grand pour elle et qui plus ait appartenant à un garçon inconnu du jeune Potter. Mais lui en voudrait-il vraiment s’il s’avait qu’elle serait morte de froid sans ça ? Sortant de ses songes, elle remarqua après avoir enfilé la deuxième manche du blouson en cuir que Jake n’avait plus qu’un T-shirt sur le dos. Se mordant la lèvre inférieure, elle se prépara mentalement à affronter le froid. Ainsi prête mentalement mais pas forcement physiquement, elle retira le manteau pourtant chaud qu’elle avait sur les épaules pour le tendre vers le frère de Leslie un sourire frissonnant de froid sur le visage.

-Tu vas mourir de froid sans ton blouson Jake. Garde-le plutôt.

Voyant qu’il avait une cigarette entre ses doigts, elle se dit qu’il était peut être temps de quitter le jeune homme pour qu’il puisse fumer en paix et qu’elle puisse vaquer à ses occupations et surtout trouver un endroit chaud où attendre James. Voulant quitter l’américain sur une note un minimum amusante – enfin surtout pour elle -, elle tenta ces quelques mots à la base pas du tout charger de sous-entendu pour une sorcière, mais peut être pas aux yeux d’un cracmol comme Jake.

-C’est bête que les sorciers n’ont pas de... Téléphone portable. On aurait pu s’échanger nos numéros !

Comme à l’accoutumée, les vacances de noël n’avaient paru durer – aux yeux de James, du moins – que quelques heures contre les deux longues semaines escomptées. Il fallait dire aussi qu’il n’avait pas chômé ! Fêter noël chez les Potter Weasley incluait non seulement la veillée du 24 et la journée du 25 décembre mais également les jours suivants pour passer du temps en famille, répondre aux centaines de questions le plus souvent redondantes sur la façon dont se déroulait les cours au château sans oublier les longues après-midi passées reclus au Terrier, forcés de laisser Celestina, la chanteuse préférée de Molly, corner les oreilles de toute la famille sans que personne n’ose dire quoi que ce soit – bien qu’après une vingtaine de fête de noël de ce goût-là, Fleur n’ait toujours pas réussi à effacer de son visage ce petit air contrarié manifesté par tantôt par un froncement de sourcils, le reste du temps par le pincement de ses lèvres délicates. Malgré tout cela, James aurait pu qualifier ce noël de « magique » - s’il n’avait pas été sûr de son appartenance au monde des sorciers depuis des années. En effet, la présence d’Abigaël chez les Weasley/Delacour avait réellement égayé les vacances du jeune Potter – jusqu’à le vacciner contre les horribles fausses notes de Celestina – et ce même si la discrétion dont ils s’étaient juré de faire preuve les avaient tenu à une certaine distance l’un de l’autre.

Mais comme toutes les bonnes choses, celle-ci avait prit fin, au grand désespoir de James qui avait vu Abi rejoindre la France pour la fin des vacances. De là, les deux jeunes gens s’étaient écrits régulièrement, allant jusqu’à mettre en danger la vie des leurs hiboux respectifs – et dire qu’en remontant quelques années en arrière, on risquait de rencontrer un jeune Potter complètement fermé à ce qu’il appellait jadis les « niaiseries de l’amour » et qui n’avait selon lui de place que dans ces choses étranges que regardaient les moldus dans des boîtes rectangulaires ! Mais la distance était devenue très vite insupportable à leur goût, d’où leur projet de se réunir enfin le temps d’une après-midi sur le Chemin de Traverse, loin des railleries de Victoire et des jérémiades de Lily ! Obsédé par la pensée de leurs retrouvailles, James en avait complètement oublié – il fallait bien l’admettre – la promesse qu’il avait faite à Leslie, de ne pas la laisser seule avec John – ou Jess ou Jake, Merlin savait trop comment – et son hyperactive petite sœur. Ces temps-ci, le jeune Potter avait tendance à admettre bien volontiers qu’il ne mettait pas les priorités là où elles auraient dû être, et de plus en plus fréquemment lorsqu’il s’agissait de Leslie. La plupart du temps, il songeait à son amie mais bien trop tard, après coup, se contentant de se frapper le front de la main : « Par tous les caleçons le plus hideux de ce crétin de Merlin ! Leslie ! ».

Les caleçons de Merlin n’y changerait rien songea James en se réveillant dans sa chambre, à Godric’s Hollow, ce matin-là. Il ne pouvait pas les accuser de quoi que ce soit – ce n’était le caleçon à fleur du grand mage qui avait prit le parti de sortir avec Abigaël en oubliant totalement Leslie !^^ Il était le seul fautif et ses problèmes ne risquaient pas de s’arranger. Il avançait dans le brouillard le plus total et cela était de plus en plus apparant. D’ailleurs, lorsqu’il descendit prendre ce petit déjeuner, le teint pâle et les cheveux encore plus en bataille qu’à l’accoutumée, sa mère ne manqua pas de lui demander : « Tout va bien ? James ?! Tu te sens malade ? Qu’est-ce qui se passe ? ». Et cette question, mieux valait ne pas la poser ces temps-ci. Parce que la réponse était que le jeune Potter n’avait pas la moindre idée de la façon dont il se sentait. Il avait l’intime conviction d’obéir aux sentiments incontrôlable du moment : un élan de colère envers Albus pour une bête tappe dans le dos, une vague d’amour envers Abi pour un simple sourire ou le poids de la culpabilité face aux photos de Leslie et de lui qui parsemaient les murs de sa chambre. Il aimait Abi, Albus l’agaçait plus que tout, il voulait voir Leslie tout en proposant un rendez-vous à Abi, il menaçait de frapper Albus alors que c’est lui-même qu’il aurait aimé gifler, il irait voir Abi et regretterait Leslie et s’il voyait Leslie, Abi lui manquerait. Comment expliquer tout ça à une mère au regard à la fois inquiet et soupçonneux ? Mission impossible. Aussi James se laissa tomber sur la chaise la plus proche, s’abstenant de toute réponse.

Dans ce contexte, il est probablement inutile de préciser que le petit déjeuner fut assez vite expédié, le jeune Potter s’empressait d’annoncer son départ pour le Chemin de Travers l’après-midi même. Le reste de la matinée, James la passa dans les étages, écroulé sur son lit, griffonnant quelques dessins ou inscrivant quelques mots illisibles, tentant de réfléchir – se qui s’avéra vite impossible étant donné le vacarme causé par Lily dans la pièce d’à côté. L’après-midi arriva bien vite, heureusement – ou pas. Dès qu’il en eut l’occasion, la jeune Potter jeta donc sa cape sur ses épaules et se dirigea vers la cheminée des Potter, dans l’intention de fuir cette maison de fous. Alors qu’il s’emparait d’une poignée de poudre de cheminette, il sentit se dessiner derrière lui la silhouette de sa mère qui passa une main de ses cheveux bruns, dans ce même geste qu’elle avait tant de fois répété jadis, lorsque le petit James se réveillait en sueur après moulte cauchemars. Etait-ce une façon de lui dire qu’elle savait que tout n’était pas si rose ? Il n’en savait rien et préférait ne pas se poser la question. Sa mère avait tendance à user et abuser du côté « étouffant » des Weasley ce qui n’était pas toujours une qualité.

Le jeune Potter s’éclipsa donc rapidemment, dans un jet de flammes vertes, après avoir annoncé distinctement le nom de sa destination. Il tourbillona sur lui-même jusqu’à en avoir la nausée – il attendait avec impatience d’obtenir le permis de transplaner ! – et se retrouva quelques minutes plus tard dans la chaleur accueillante du Chaudron Baveur. Passant une main dans ses cheveux pour enlever la suie qui s’y était incrustée, le jeune homme balayait la pièce du regard, cherchant Abigaël. C’est alors qu’il remarqua la présence de Leslie, assise à une table avec une fillette plus jeune qu’elle qui devait sans doute être sa demi-sœur si James se référait à la dernière lettre que lui avait envoyé son amie. Hésitant un instant, il esquissa finalement un mouvement pour la rejoindre en s’exclamant :

-Hey, Leslie !

C’est alors qu’il repéra Abigaël. Et ce qu’il vit n’avait absoluement rien de réjouissant. En effet, la jeune femme se trouvait en présence d’un Individu Non Identifié Mais Potentiellement Nuisible à En Juger Par Sa Massse Musculaire Et Son Sourire Crétin. Oubliant totalement la présence de Leslie, le jeune Potter se dirigea d’un pas décidé vers la porte du pub qu’il ouvrit brusquement, juste à temps pour entendre Abigaël se lamenter de ne pas posséder ce bidule machin crétin que les Moldus trituraient sans cesse pour rester en contact les uns avec les autres. Décidant de couper rapidemment court à ce scénario grotesque où il n’avait visiblement pas sa place, James se racla bruyamment la gorge avant de s’approcher d’Abi pour passer un bras autour de la taille de cette dernière, l’attirant contre lui, un peu plus brusquement que ce qu’il aurait souhaité.

-Tu m’as manqué ! murmura-t-il en l’embrassant furtivement, ne parvenant que difficilement à contenir son agacement. Se tournant vers l’inconnu à la carrure de gorille, le jeune homme s’exclama, tendant une main qui se voulait tout sauf chaleureuse : James Potter ! Tu es… ?

En attendant la réponse de l’intéressé, James se tourna vers le pub, distingant la silhouette de Leslie à travers la vite poussiéreuse.

-Nom d’un scroutt à pétard atteint de dragoncelle ! Leslie ! Miiiiiince ! murmura-t-il, se retenant de se frapper le front de la main. La journée risquait d’être haute en couleur.

Bien que le geste fut loyale à la base de rendre le blouson à Jake qui devait avoir encore plus froid qu’elle – quoiqu’avec sa masse de biceps se ne devait pas être le cas -, Abi regrettait un minimum la chaleur que cela lui avait procuré pendant cinq petites secondes. Tentant de ne pas laisser ses bras devenir des glaçons, elle frotta ses bras activement avec ses mains afin de se réchauffer, et regarda le blouson de Jake poser sur la fenêtre du pub avec une envie sans pareil, mais elle tenta de se ressaisir. Le demi-frère de Leslie devait mourir de froid en T-shirt, il venait de Floride comme même, et d’après la discussion hautement philosophique qu’elle avait eu l’honneur d’entendre en France lorsqu’elle marchait prés de deux filles la semaine dernière, "Il fait super beau en Floride !". Ah la France ! Elle et Gabrielle n’y retournaient que très rarement mais les peu de fois où elles y allaient le voyage était toujours géniale. Bien que cette fois-ci, il lui manquait quelque chose d’irremplaçable : James. La distance qui sépare la France de l’Angleterre avait été durement ressentit par leurs hiboux respectifs et par les deux adolescents. Et bien qu’Abi fut rentré il y a maintenant deux longues journées, les deux étudiants n’avait pas pu se voir – ce n’était pas non plus une épreuve insurmontable. Quoique. – et ils avaient donc trouvé cette froide journée pour se retrouver aux Chemins de Traverse. Donc soit Merlin y était pour quelque chose ou soit la jeune Delacour allait commencer à croire aux coïncidences, mais ce n’était pas possible qu’en cette journée précise Leslie et les américains avaient décidés d’un accord en accord de venir au Chardon Baveur. Ce n’était humainement pas possible. Non qu’Abi vouait une haine monstre envers Leslie, bien au contraire, elle espérait toujours, peut être naïvement d’ailleurs, qu’un jour les deux adolescentes apprendraient à mieux se connaitre et à peut-être devenir amie, qui sait ? –Oui, toi Merlin, mais pour le moment tu ne fais rien dans le bon sens, donc on se tait ! – mais elle craignait juste que James débarque alors qu’elle se trouvait en compagnie de Jake, car même si elle essayait d’oublier ce coté de la personnalité de James, elle ne pouvait nier que dans cette circonstance qu’il était aussi jaloux qu’un ours. Mais peut-il vraiment lui reprocher d’essayer de se faire des ami(e)s ? Voulait-il vraiment qu’elle coupe tous liens sociales avec les gens de son entourage parce qu’elle sort avec lui ? Il est vrai que lui et Leslie n’avait pas forcement atteint l’apogée de leur amitié ces derniers temps, mais était-ce de la faute d’Abi ? Peut-être, oui...
Un raclement de gorge la fit sortir de ses songes pas forcement réjouissant. Tournant son regard océan vers la source de ce bruit qu’elle ne fut pas sa surprise de voir non loin d’elle, à quelques mètres même pas, James en chair et en os. Elle avait tellement attendu ce moment depuis son retour de France que se fut comme si plus rien n’existé autour d’elle que la présence de James, elle en oublia même qu’elle avait froid. Le bras de James s’entourant autour de sa taille agrandit le sourire déjà bien présent sur son visage fin depuis l’arrivé du jeune Potter. Par contre, bien que les gestes précédant aient été particulièrement mignon et affectueux, la façon assez brutale avec laquelle James l’attira à lui, choqua un minimum Abi. Qu’est-ce qu’il lui arrivait ? Jamais encore il n’avait montré autant de violence. Etait-ce dû à la présence de Jake comme le présenté la jeune Delacour ? Elle aurait tant aimé pouvoir s’expliquer auprès de James, mais comment fait ? Demander à Merlin d’utiliser sa – comment appellent-ils cela déjà les Moldus ? Ah oui ! - télécommande pour faire une pause dans le temps et pouvoir respirer un minimum entre deux actions. Mais les trois petits mots prononcés par James à l’intention d’Abi, radoucit un peu cette dernière. Le geste brusque n’était peut être pas voulu. Avant de l’embrasser, Abigaël réussit à lui dire d’une voix douce.

-Tu m’as manqué aussi, James !

Le baisé que James offrit à Abi fut rapide et furtif peut être toujours dû à la présence du demi-frère de Leslie dans les parages. Pourquoi la vie était-elle si compliquée ? Elle n’avait pourtant pas l’impression d’avoir donné de faux espoir à Jake, sauf si le gus en question avait trouvé des sous-entendus dans toutes les phrases d’Abi et derrière tous les mots qui avaient franchit ses lèvres. Parce que vu le regard presque assassin qu’il lançait à James, cela devait être le cas. Les gus étaient parfois incompréhensibles. Devrait-elle à présent se balader avec un panneau "Attention, déjà casée" sur elle pour ne pas arriver à cette situation à chaque fois qu’elle sortira quelque part avec James ? Tenant de détendre l’atmosphère tendue entre les trois adolescents, elle voulut dire quelque chose pour que Jake arrête de crisper ses biceps, mais James intervint avant elle à propos de Leslie. L’avait-il croisé sans la voir ? Tentant une approche plus douce qu’un questionnement directe et surement blessant pour le Gryffondor, Abi passa son bras autour de la taille de James afin d’attirer son attention et ainsi se réchauffer un peu par la même occasion et lui dit.

-Qu’est-ce qu’il y a ? Tu n’as pas été la voir avant de venir...

Sa dernière phrase était plus une affirmation qu’une question, mais comment demandez les choses sans les dire clairement. A ce moment, Abi s’en voulait considérablement, si James en était arrivé là, c’était un peu à cause d’elle, même entièrement à cause d’elle, mais comment devait-elle lui demander pardon ? Aussi directement que...

-Je suis désolée...

Ces mots lui échappèrent en français. Peut-être l’habitude qu’elle avait reprise depuis son retour de Paris. Mais heureusement, James ne comprenait pas. Comment aurait-il réagit ?
Frissonnant doucement, elle se rapprocha un peu plus du jeune Gryffondor.

Ne quittant pas son interlocuteur des yeux – ne jamais tourner le dos à l’ennemi – James n’entendit que très vaguement les douces paroles que lui adressa Abigaël. Passablement tendu, sa main flottant toujours dans le vide, le jeune Potter attendait une réponse du garçon qui lui faisait face et Merlin savait combien l’orgueil et l’entêtement était la marque de fabrique de la famille, tant chez les Potter que chez les Weasley. Aussi se lança-t-il dans une entreprise périlleuse, impressionner son « adversaire », se redressant tant que possible pour grapiller quelques pauvres centimètres qui ne feraient jamais le poids face à la musculature de gorille de l’inconnu, gardant la machoire étroitement serré dans une expression qui se voulait démonstrative de sa détermination – mais qui rappellait davantage la frustration d’un gamin de cinq ans à qui on venait de voler sa collection de cartes chocogrenouilles.^^ Lorsqu’enfin le jeune homme daigna lui serrer la main, James comprit sa douleur, tentant néanmoins de rester impassible durant un court laps de temps qui lui parut durer une éternité. Lorsque l’inconnu relâcha son emprise, le jeune Potter jeta un regard à la fois inquiet et perplexe à la couleur blanchâtre qu’avait laissé cette poignée de mains énergiques sur la jointure de ses doigts.

*Celui-là, mieux vaut ne pas le chercher ! Ou alors, le prendre de vitesse !*

A cette pensée, James glissa innocemment une main dans la poche de son jean, resserant ses doigts meurtris autour de sa baguette magique. Au loin – et ce même si la jeune fille se trouvait seulement à quelques centimètres de lui – le jeune Potter percevait la voix d’Abigaël, passant de l’anglais au français. Elle semblait avoir compris que la situation n’était pas prête de s’arranger avec Leslie. Mais il fallait avouer qu’en ce moment-même, Abi et Les’, ainsi que les rapports qu’il entretenait avec elles, étaient bien le cadet des soucis d’un James beaucoup plus perturbé par la « chose » qui lui faisait face et qu’il qualifierait comme un détestable croisement entre la sournoiserie d’un gnome et la carure d’un troll des montagnes. Finalement, peut-être était-ce la vérité, peut-être même que l’inconnu ne savait que grogner sauvagement en montrant les autres du doigt, ne comprenant pas un mot d’anglais, ce qui aurait pu expliquer l’absence de réponse à la question que le jeune Potter avait posé quelques minutes plus tôt.

Mais le jeune homme n’eut pas le loisir d’étendre davantage sa réfléxion sur les multiples espèces qui peuplaient cette planète puisque la porte du bar s’ouvrit, laissant apparaître Leslie, accompagnée de la fillette que James avait déjà vu tout à l’heure. Elles semblaient toutes deux absorbées par une grande conversation dans laquelle le Gryffondor parvint à saisir son prénom et quelques autres informations d’une grande utilité. Ainsi donc, la gamine surexcitée n’était autre que la petite Madison ? Ce qui signifiait que…… Le gorille avait une forme de lien de parenté, aussi douteux soit-il avec Leslie ? Sa Leslie ? Impossible ! Et pourtant !

-Jake Coleman, donc…, murmura James, plus pour lui-même que pour son rival.

Il resta ainsi, pensif, un long moment avant de lâcher le jeune moldu des yeux pour se tourner vers une Leslier qui, comme à son habitude, était plus rouge que rouge, tâchant vainement de sa cacher derrière ses cheveux blonds. Seule cette vision parvint à dérider James qui ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire, heureux de retrouver sa « folle lui servant de camarade de torture chez McGo’ ».

-Emer-Leslie Owen Burke ou le royaume du truchement de l’inadvertance ! s’exclama-t-il, se détachant d’Abigaël pour aller gratifier sa meilleure potesse d’une petite tape sur l’épaule. Ça m’avait manqué..., murmura-t-il tout bas, ne sachant pas si elle l’entendrait ou non. Alors comme ça tu ne me présentes pas ta petite famille ?!

Les choses auraient-elles tournée autrement si Abigaël n’était pas venue ? Si elle ne s’était pas tenue, là, contre le torse de James, l’atmosphère aurait-il été moins lourd ? Elle n’en savait rien, d’ailleurs comment pouvait-elle avoir le don de prévoir les choses et de les anticipés ? Elle n’avait pas pris divination en option pour une bonne raison. Cela ne l’intéressait guère. Mais dans cette circonstance, elle aurait bien aimé savoir que Leslie arriverait dans un lapse de temps réduit afin de se préparer. Non à son arrivée en elle-même, mais plutôt afin de se préparer à ce qu’elle allait entendre. N’ayant aucun de ces dons de prévision, Abi fut légèrement surprise de voir Leslie sortir du pub en compagnie de la petite Madison. Ne lâchant pas l’étreinte de James, elle releva comme même la tête, mais les deux filles paraissaient ne pas les avoir vues dans un premier temps, voilà surement pourquoi Leslie parlait d’elle, de James et de Jake d’une façon aussi ouverte. Elle pensait peut être que les adolescents n’étaient pas juste à quelques mètres d’elle. La remarque de Leslie toucha vraiment Abigaël, mais elle tenta de ne pas le faire paraître sur son visage. La jeune Delacour s’était toujours demandée comment Leslie la considérait depuis qu’elle et James étaient ensemble, mais maintenant elle était fixée. Soit la jeune Owen avait dit cela sur le coup de l’énervement et de la fatigue, ou soit la blondinette considérait vraiment Abi comme la copie conforme de Victoire, toujours à séduire les hommes qui l’entourent. Se pinçant la lèvre inférieure, Abigaël tenta de refouler ses pensées en elle et de se dire que les paroles qui avaient franchit les lèvres de la Gryffondor n’avaient été prononcé que sur un excès de colère de la part de la jeune fille. Malgré cela Abi ne put retenir un mince sourire qui éclaira son visage à la vue d’une Leslie aussi rouge qu’une tomate fraichement cueillit. Qui est-ce qui pouvait réussir à en vouloir à cette fille ? Personne. Parfois Abi avait l’impression qu’un halo de bonheur et de joie entouré la petite Owen et que quiconque s’en approcherait retrouverait de suite le sourire.
Son regard fixé sur le visage de Leslie fut attiré vers Madison qui n’arrêtait pas de bouger. Comment autant d’énergie pouvait-il être renfermée dans une petite fille telle que Madison ? Heureusement pour les sorciers et sorcières qui tentaient de circuler dans le Chemin de Traverse, Jake retint sa jeune sœur, mais pour combien de temps ?
Sentant le bras de James se décoller de sa taille, Abi retourna son attention vers les deux amis. Non qu’elle fût contre les retrouvailles des deux meilleurs poteaux, mais James devait-il vraiment se décoller d’elle ? Maintenant qu’il se trouvait à environ un mètre d’elle, elle ressentait le froid l’attaquer vivement. "Ah, tu ne m’avais pas manqué toi !" Se dit-elle doucement pour elle-même en croisant ses bras autour de sa taille afin de garder la dernière petite chaleur que la proximité de James avait produite sur elle. Regardant de loin les retrouvailles de James-Leslie, elle se demanda si elle n’était pas de trop dans cet épisode de l’histoire. Tournant son regard vers Jake qui se tenait à la même hauteur qu’elle, elle lui esquissa un léger sourire. Enfin voit le bon coté des choses Abigaël Delacour, tu n’es pas seule à tenir le titre d’étagère de service à tes heures perdues, quoique, Jake portait-il le titre de tapisserie ? Peut-être. Quoiqu’il en soit, afin de ne pas se convertir en étager congeler, Abi tenta de bouger et alla se caler contre le mur du pub à quelques centimètres d’elle pour s’y adosser. Elle ne voulait en rien se mettre entre Leslie et James. Elle leur devait bien ça : une petite discussion entre eux.

A trop vouloir paraître naturel, à trop vouloir renier l’existence plus ou moins passée de nombreux différends entre Leslie et lui, James avait craint, l’espace d’un instant, que son amie lui reproche cette feinte désinvolture. En effet, il fallait avouer que les rapports qu’avaient entretenu les deux jeunes gens ces derniers temps étaient pour le moins « électriques », bien loin de la complicité passée et des gaffes en cascade qui les avaient amenés plus d’une fois à se retrouver marier par le truchement de l’inadvertance. Car oui, autour d’eux, tout le monde semblait persuadé du fait que l’un ne pouvait exister sans l’autre, tout chez eux, de leurs gestes simultanés jusqu’à leurs éclats de rire se confondaient si bien qu’on ne pouvait plus les différencier l’un de l’autre. C’était un tout, une explosion de saveurs, de couleurs, de folie, aussi. Une sorte de tornade quotidienne qui faisait tourner les têtes et se tordre les bouches, en un sourire de la part de leurs camarades, en un rictus déplaisant de la part de Malefoy ou en une effroyable grimace de McGonagall. Et mieux que cela : ils n’y avaient jamais prêté attention, se moquant ouvertement de tout ce qui venait de l’extérieur, du bon comme du mauvais, se contentant d’être eux-même dans leur simplicité et dans leur amitié à l’heure où l’hypocrisie maladive des uns et des autres atteignait son appogée.

Mais Leslie ne semblait pas décidée à lui faire payer le prix fort en échange d’une simple conversation. L’espace d’un instant, James parut soulagé mais il comprit bien vite que sa meilleure amie lui reservait un châtiment bien plus affreux : en se jetant à son cou – élan d’affection dont elle n’était habituellement pas adapte – elle fit prendre conscience au jeune Potter de tout ce qu’il avait perdu pour une histoire assez puérile dans le fond. Bien entendu, il considérait toujours sa rencontre avec Abigaël et la façon dont ils s’étaient rapprochés comme une des meilleures choses qui lui soit arrivée dans sa courte vie ! Mais est-ce que cela valait la peine de prendre le risque de perdre une amitié comme celle qu’il vouait à Leslie ? Est-ce que cela valait la peine de faire couler, il y a peu, des larmes qu’il n’avait jusque là jamais vues sur le visage de la jeune fille ? Certainement pas, non. Et si encore elle le lui avait reproché, si elle s’était montrée détestable, si elle avait pris le parti de se moquer de lui, de l’humilier de par son comportement stupide – et Merlin savait qu’elle avait eu de nombreuses occasions de le faire – il aurait trouvé de quoi se consoler, il l’aurait sans doute détesté, aurait rompu tout contact avec elle pour laisser leur souffrance commune laisser place à l’indifférence, un point partout chacun rentre chez soi ! Mais non. C’était comme si elle l’avait attendu, ici, sur le Chemin de Traverse, les bras grands ouverts, prête à le serrer contre son cœur qu’il avait lui-même tant attaqué.

Sentant la culpabilité l’envahir, James répondit à cette étreinte, chose qu’il n’aurait jamais crue possible, et surtout pas envers Leslie. Son regard se posa alors sur Abigaël qu’il avait lâchement abandonnée quelques minutes plus tôt. Alors qu’il l’observait, pensif, il se dit qu’il devait bien y avoir un moyen de concilier tout ça, de remettre un peu d’ordre dans sa vie et de redonner à chacun la place qui lui revenait de droit. Et si Abi disait vrai lorsqu’elle répétait sans cesse qu’elle n’était pas Victoire, alors elle comprendrait…
Le jeune Potter revint à la réalité lorsque Leslie relâcha son entreinte, répondant à sa demande en lui présentant officiellement le dénommé Jake – regard désagréable à l’attention de l’intéressé – ainsi que la petit Madison à qui James adressa un sourire amusé alors que celle-ci expliquait comment elle s’était imaginé qu’il était blond. La dernière remarque de Leslie concernant sa coiffure arracha au jeune homme un grand éclat de rire.

-Tu as quelque chose contre les king charles ? J’adore c’est bêtes-là ! Rien à voir avec Terry le Chien, j’avoue, mais tout de même !

Et le retour de James Potter, l’immature. Quelqu’un de normal constitué et d’attentif à ce qui l’entoure aurait rassuré la jeune fille sur sa coiffure ! Mais pas lui. Non pas parce qu’il ne faisait pas attention à Leslie ! Juste parce que ça ne lui avait pas traversé l’esprit, bien qu’il ait remarqué qu’elle avait grandit, elle aussi, et qu’elle ne ressemblait plus à la fillette qui l’avait aspergé de jus de citrouille lors de leur premier voyage à bord du Poudlard Express. Mais elle était Leslie à ses yeux. Leslie, tout court. Et ce qu’il résumait en un simple prénom représentait bien plus à ses yeux que toutes les appellations à rallonge du monde !

Ayant quelque peu retrouvé le sourire, James se tourna vers Abi, tenant à lui indiquer du regard qu’il ne l’excluait pas de la conversation et que l’incident avec Jake était clos. Presque clos.

-Alors, Jake ?! Comment trouves-tu notre monde ? Et l’Angleterre ? Pas trop dérouté par les pluies incessantes ? Rien à voir avec la Floride, n’est-ce pas ?!

Pour la première fois depuis bien longtemps, James se sentait presque serein. Il réalisait enfin que les choses n’étaient compliquées qu’à partir du moment où on souhaitait les maîtriser pleinement et leur donner une importance dépassant l’entendement ! En définitive, il avait passé des mois à réfléchir à toutes les solutions possibles et imaginables à un problème qui n’en était pas un : il pouvait tout à fait se trouver en compagnie d’Abigaël et de Leslie sans qu’une dispute n’éclate. Il lui suffisait d’être lui-même, sans s’encombrer l’esprit de trop nombreuses questions auxquelles il ne pourrait jamais apporter de réponses. Il n’avait jamais été réputé pour sa maturité ou pour sa capacité à prendre du recul sur les choses ! Pourquoi devrait-il essayer de donner cette fausse image de lui ? Il n’était que James Sirius Potter, avec son humour particulier, sa flemme légendaire, son manque de tact évident et ce bâton de dynamite avec lequel il se coiffait tous les matins ! Il n’était que ça, ça n’était pas grand chose, il avait cru pouvoir être meilleur mais ses efforts avaient été vains. Et quelle importance, finalement ? Les sourires de Les’ et d’Abi n’avaient pas l’air de lui souffler de changer. Alors autant cesser de se torturer et tenter de passer une bonne journée.

Bon, d’accord, c’était sans compter la présence opportune de Jake Coleman qui semblait avoir décidé de placer cette rencontre fortuite sous le signe de la provocation. En effet, comme si son accent américain n’était déjà pas suffisament exacerbant – puisque difficile à comprendre – le jeune homme était apparament bien décidé à destabiliser le jeune Potter. Mais ce dernier n’était pas décidé à se laisser faire ! Retrouvant ce caractère impulsif propre aux Weasley, James se surprit à serrer sa baguette magique, blessé dans sa fierté masculine par la remarque du troll des montagnes. Fort heureusement, Leslie choisit ce moment pour intervenir dans une longue tirade présentant McGonagall et ses coûtumes préhistoriques, empêchant le Gryffondor de risposter. Mais cette légère distraction ne pouvait suffir à le détourner de ses objectifs.

-C’est vrai que nos portons plutôt bien les robes, tu veux que je t’en greffe une ? Ça peut s’arranger, tu sais ! rétorqua-t-il, sortant sa baguette magique dans une expression qui se voulait menaçante. Vous vous trouvez virils, vous, les ricains gavés de hamburgers, avec votre baseball et votre football ? Nous, nous avons le Quidditch ! Et laisse-moi te dire que ça, c’est un sport de dur ! Parce qu’à chaque fois que tu tentes une feinte de Wronski, tu risques ta vie, mon vieux ! Et ça, c’est du spectacle !
Tout en parlant, James désignait la boutique d’accéssoires de Quidditch se trouvant à quelques pas de là, présentant dans la vitrine la gigantesque affiche animée d’un attrapeur victorieux.

-Je m’arrêterai là, inutile de répondre davantage à cette provocation stupide, je risquerai de trahir la réputation du flegme britannique. Néanmoins, je te prends quand tu veux sur un balai, tu n’aurais qu’à emprunter celui de Leslie !