On n'oublie rien de ce qu'on veut oublier.[Abi, Dave, Chris]

A peine entrée dans la Salle Commune des Serdaigle, Victoire jeta un regard alentour, au cas où son amoureux l'attendrait devant la cheminée avec une des expressions équivoques qui annoncerait une nouvelle excursion dans la Salle sur Demande. Mais David n'était pas là, et la jeune femme, bien qu'un peu déçue, se contenta de hausser les épaules et d'aller directement poser son sac de cours dans son dortoir, après cette longue et ennuyeuse journées de cours rythmée par les interjections des professeurs censées motiver les élèves à propos des ASPIC : "Oh, du nerf !" "Allez, un peu de concentration, que diable !" "Ah, enfin une Transplantation réussie, merci à vous, Miss Weasley !"

Mais cette fois-ci, ce ne seraient pas ses grimoires et sa baguette que la fille de Fleur s'empresserait de sortir d'entre ses multiples fiches de révisions et autres feuilles de parchemin, multiples et épaisses, qu'elle devrait bien s'astreindre à relire un de ces jours. A quoi lui servirait-il de réviser, songea-t-elle avec insolence, alors qu'elle maîtrisait déjà tout ?Tout, en effet, pensa la belle sorcière avec un sourire presque mutin. De la plus complexe formule de Métamorphose à la Potion la plus traître, du Sortilège le plus commun à la plante de Botanique la plus rare et la moins aisée à reconnaître. Tout, depuis son rôle de Préfète-en-Chef jusqu'à son poste de Poursuiveuse dans l'équipe des Serdaigle, depuis le comportement bien apaisé de Jamie Chéri jusqu'aux disputes récentes entre Owen et Finnigan. Tout, enfin, depuis l'humeur bien meilleure de sa cousine Abigaëlle jusqu'à son histoire d'amour si parfaite avec le merveilleux David Goldstein. Depuis son exceptionnel et délicieux épisode de réconciliations avec David, Victoire était aux anges. Elle avait bien sûr annoncé la nouvelle à Abigaël, annihilant les inquiétudes de sa cousine quant à la tournure que prenait son histoire d'amour, et ce par le biais d'un récit elliptique et non moins rêveur. Car ce n'étaient pas simplement tous les événements qui s'étaient produits suite à sa convocation dans le bureau de Minerva McGonagall qui rendaient Vic' parfaitement euphorique : ce petit goût d'interdit, qui n'avait plus grand chose à voir avec ses expériences passées, lui donnait des ailes et la poussait à se sentir bien au-dessus du reste. James aurait sans doute émis un commentaire narquois à propos de l'oxymore Victoire/ange, et pourtant Abi elle-même avait dû l'admettre quelques jours plus tôt : la Préfète-en-Chef, une fois apparemment définitivement réconciliée avec son amoureux, était "bien moins stressée et bien moins stressante", et presque impossible à agacer, irriter ou provoquer, ce qui rendait ses relations avec les élèves plus jeunes qu'elle beaucoup moins amusantes, certes, mais aussi beaucoup plus reposantes.

C'est en rêvant les yeux ouverts, allongée sur son lit à baldaquin, que la fille de Fleur finit par s'apercevoir que le dortoir des filles de Serdaigle était encore désert à cette heure pourtant relativement tardive. Intriguée par l'absence d'Abi, qui pourtant s'appliquait toujours à retrouver Victoire après la fin des cours même si leurs emplois du temps divergeaient, la jeune femme tenta de se remémorer la raison d'une possible absence de sa cousine. Le Journal n'avait pas de réunions prévues, elle en était quasiment certaine. Abigaël ne lui avait pas non plus parlé d'un possible rendez-vous avec Chris, qui se faisait parfois absent ces derniers temps face aux difficultés rencontrées par la jolie française vis-à-vis du colérique James. Et si son groupe de quatre avait organisé une soirée aux Trois Balais, elle en aurait été la première informée.
Soudain, Vic' se plaqua une main sur la bouche dans une attitude à la fois coupable et paniquée. Les yeux écarquillés, la belle dut se rendre à l'évidence : si ni David, ni Chris, ni Abigaël n'étaient dans la Salle Commune à cette heure-ci, ils devaient être sur le Terrain de Quidditch. Et elle avait oublié de se rendre à l'entraînement.

A une vitesse défiant toute concurrence, Victoire enfila son uniforme de Quidditch qu'elle avait par chance rangé dans sa malle au lieu de le laisser dans les vestiaires du Terrain. D'un coup de baguette magique, elle attacha ses cheveux en une longue natte, puis se précipita hors de la Salle Commune aussi vite que le lui permettaient ses chaussures, fort peu adaptées aux sols lustrés de l'Ecole. Il était déjà trop tard, évidemment : cela faisait plus d'une heure que les autres s'étaient rendus sur le Terrain sans elle, profitant d'une des rares tranches horaires où toute l'équipe pouvait se retrouver sans que personne sèche un cours ou "oublie" de rédiger un important devoir. De toute évidence, une Poursuiveuse en moins avait dû largement les handicaper. Victoire n'avait aucune excuse, d'ailleurs, surtout si l'on considérait le fait qu'Abi avait rappelé cette fichue séance pour la centième fois la veille dans la Salle Commune avant que l'ensemble des Serdaigle aille se mettre au lit, laissant le petit groupe de Septième Année confortablement installé au coin du feu pour encore plusieurs heures de rires et de discussions enjouées. Victoire se rappela enfin la question récurrente d'Abigaël pendant ces instants de détente, question à laquelle elle avait répondu de manière absente à chaque fois, distraite comme elle l'avait été par les bras de David l'entourant fermement et les murmures de son amoureux, destinés à elle seule, alors même qu'Abi et Chris débattaient à voix haute sur les stratégies à adopter pendant le prochain match.

- Demain, séance d'entraînement à 18h30 sur le Terrain, personne n'a oublié ? J'ai eu énormément de mal à obtenir une heure décente, et les autres jours Lucy termine trop tard et Lia et Ryan sont en cours de soutien de Potions. Victoire, tu y penseras ?
- Oui-oui... Dave, arrêêête, imagine que les Première Année nous voient !

Déjà un peu essouflée alors qu'elle atteignait le seuil de la Grande Porte du Hall, Victoire jeta un regard expectatif en direction du Terrain de Quidditch et vit ses craintes se confirmer alors que de lointaines silhouettes drapées de bleu volaient dans toutes les directions selon un schéma minutieusement mis au point par les recherches d'Abigaël. Se sentant de plus en plus coupable, et de plus en plus stupide, la jeune femme soupira, exaspérée par sa propre négligence, avant de se hâter vers le Terrain.
Et ce n'est qu'une fois parvenue sur l'herbe du stade, bien en-deçà d'Abi et des autres joueurs, qu'elle s'arrêta et resta immobile, les observant avec admiration malgré son embarras, n'osant pas se manifester... et espérant sans doute, pour une fois, passer inaperçue et repousser le plus possible ses explications avec l'équipe.

Journaliste Nombre de messages : 234 Age : 31 Date d'inscription : 27/12/2007

-Abi ? C’est bien ce soir l’entrainement de Quidditch ?
-Oui, Ryan ! Sois-y à 18h30 précise, hein ! Ca a été difficile de trouver un jour, et on a vraiment besoin de mettre en jeux nos nouvelles techniques d’attaque. On se voit ce soir !

Adressant un large sourire à son camarade, Abigaël le regarda se dissimuler parmi la foule d’étudiant alors qu’elle restait adosser au mur, toute seule. Victoire ne partageait pas les mêmes cours qu’elle en cette après-midi, de son coté, Chris devait être quelque part avec David, et le prochain cours d’Abigaël était dans une demi-heure. Elle sortit donc des parchemins immaculés de croquis, d’explication technique, de rature... En plus, des réunions du Poudlard’s News qui se faisaient de plus en plus souvent, rapport à l’approche de la prochaine parution, la Capitaine des Serdaigles préparait de nouvelles attaques, de nouveaux moyens de défense pour remporter le prochain match qui était décisif pour la Finale. Malgré toutes les contraintes qu’entrainait le rôle de capitaine d’équipe, elle pouvait toujours compter sur Victoire, David, et surtout Chris pour l’aider. Ils partageaient des moments inoubliables autour du feu qui resteront pour toujours graver dans la mémoire de la fille de Gabrielle. Et pourtant, une fin allait être mise à tous ces rituels, tous ses moments de rire et de joie, et Abi ne pouvait s’empêcher de ressentir un pincement dans le fond de l’estomac à cette simple pensée. La Maison des Serdaigles allait lui manquer, ainsi que toute cette fraternité, mais sa Septième Année touchait à sa fin avec les bons et les mauvais cotés de la chose.

Sentant un bras entouré sa taille, Abigaël eut un petit sursaut qui la sortit immédiatement de ses songes. Lorsque son regard azur se posa sur Chris, un large sourire illumina son visage auparavant éprit de nostalgie. Elle entoura ses bras autour du coup du Serdaigle avant de l’attirer vers elle pour déposer sur ses lèvres un baiser doux et passionné. A regret, elle y mit fin, rouvrant les yeux pour retrouver le visage réconfortant de Chris, et ce sourire qui la faisait toujours fondre. Durant toute sa matinée de cours, Abigaël avait attendu ce moment précis où elle pourrait enfin serrer Chris dans ses bras, et elle en avait enfin l’occasion. Déposant un baiser au creux de son coup, elle dissimula un rire en réalisant qu’elle était presque sur la pointe des pieds, et qu’il la portait presque dans ses bras.

-Mon ange, ce soir on laisse de coté le Quidditch, les ASPIC, tes articles du Poudlad’s News... et on profite de la soirée, juste toi, et moi ! D’accord ?

Tout en murmurant cette proposition au creux de la nuque d’Abigaël, Chris laissa sa main se promener le long de la colonne vertébrale de la Delacour, détourant sa taille fine du bout de ses doigts. Cette dernier avait fermé les yeux pour profiter le plus possible de ce moment, oubliant tous les autres étudiants autour d’elle, omettant même qu’ils se trouvaient en plein milieu d’un couloir de Poudlard. Se détachant de Chris, Abi déposa un long baiser sur ses lèvres avant de secouer la tête en signe d’affirmation, affichant un large sourire en imaginant la soirée qui les attendaient. Pourtant, les feuilles qu’elle tenait dans ses mains, la ramena trop rapidement à la réalité, et elle afficha une moue triste.

-On a entrainement, ce soir... Une prochaine fois, je te le promets ?

Et comme pour seller sa promesse, elle déposa un doux baiser à la commissure des lèvres de Chris essayant d’articuler un fin sourire, mais ce dernier arpentait une expression déçue, effleurant les contours du visage d’Abigaël. Et il n’était pas le seul ! Les obligations de la Delacour se mettaient souvent en travers de leur désir, et la française avait de temps en temps envi de tout laisser tomber pour passer plus de temps au coté de Chris.
Récupérant ses affaires qu’elle avait abandonné sur le sol, Abigaël rangea ses parchemins dans son sac avant d’entrelacer ses doigts dans ceux de Chris et de prendre le chemin de son prochain cours espérant intérieurement que l’entrainement du soir même s’annule comme par magie !

La journée touchait à sa fin quand Abigaël retrouva Chris qui l’attendait, adossé à un mur à la fin de son cours d’Histoire de la Magie. Echangeant un large sourire, le jeune homme attira la française vers lui en déposant son bras sur ses épaules, avant de l’embrasser. Ensuite, les deux Serdaigles se dirigèrent vers le parc où David, ainsi que tous les autres, les attendaient déjà. Gratifiant chacun membre de l’équipe d’un large sourire, elle leur annonça que la séance d’entrainement était ouverte et qu’ils pouvaient commencer à s’échauffer le temps qu’elle se change.
Revenant sur le Terrain, elle chercha Victoire du regard afin qu’elle puisse commencer à proprement parler l’entrainement, mais aucune chevelure rousse n’était parmi les étudiants qui virevoltaient dans les airs. Fronçant les sourcils, elle s’élança pour rejoindre David, et Chris.

-Dave, tu n’aurais pas vu Victoire ?
-Non, mais elle ne va pas tarder, je pense ! Tu peux commencer, elle va rattraper ensuite, ajouta-t-il avant d’interpeler le reste de l’équipe pour qu’ils se regroupent.

Haussant les épaules, et malgré la moue interrogative qu’elle affichait, Abigaël commença à distribuer les consignes, et exposer à son équipe les stratégies qu’ils allaient mettre en place. Ensuite, ils commencèrent à jouer, et les minutes passèrent, et aucune Victoire n’était visible à l’horizon... Ce fut pendant qu’Abigaël tentait tant bien que mal à mettre en place une méthode d’attaque qu’elle devait jouer avec sa cousine, qu’elle la vit. Faisant signe à son équipe d’arrêter le Souafle, Abi descendit à la rencontre de Victoire, étonnée du retard de la française qui était ordinairement ponctuelle.

-Vic’ ?! Qu’est-ce qu’il s’est passé ? On t’a attendu, mais comme tu ne venais pas, on a commencé...

-Beuuuuurk !

Tiré de ma rêverie et alerté par ce petit cri de dégoût, je reportai mon attention sur mon travail, les yeux braqués sur ma baguette au bout de laquelle je découvris le reste de queue du rat que j'étais censé faire disparaître. Alors que Chris se remettait de ses émotions et saisissait ce qu'il restait de l'animal du bout des doigts pour l'agiter devant mon visage, je me mordis doucement la lèvre pour retenir un fou rire qui aurait sans doute été très mal accueilli par notre professeur. A présent, les ASPIC étaient plus proches que jamais.

-T'es avec nous ou pas ? s'exclama Chris en prenant un air réprobateur. Au lieu de prendre des cours particuliers dans le seul domaine où tu n'as pas de conseils à recevoir, tu ferais mieux de demander à Victoire de te réexliquer les bases de la métamorphose !

Le ton lourd de sous-entendus, Chris lui-même peinait à cacher son amusement. Ne tenant plus, je plongeai sous la table et dissimulai tant bien que mal un fou rire incontrôlable. Lorsque je refis surface, mes yeux bleus légèrement humides se posèrent alors sur l'oeuvre de mon ami.

-Tu t'es vu, toi ?! Ta tête d'épingles a gardé les yeux de ce pauvre hérisson !
-Si tu ne lui dis rien, je ne lui dirai rien ! Question de fierté et de solidarité masculine !
-C'est bien parce que c'est toi !

Et tandis que nous échangions un sourire complice, la cloche sonna la fin des cours de l'après-midi. D'un même mouvement, nous nous levâmes pour quitter la salle de Métamorphose en tête du groupe, comme à notre habitude et rejoindre la tour des Serdaigle pour retrouver Abigaël et Victoire. En entrant dans la salle commune, je constatai que ni l'une ni l'autre ne se trouvait là à nous attendre. J'échangeai un regard surpris avec Chris pour finalement hausser les épaules et gagner le dortoir des garçons de septième année. Abi était très certainement déjà sur le terrain de Quidditch et préparait les stratégies qu'elle tenterait de mettre en place durant l'entraînement qui devait avoir lieu le soir-même. Quant à Vic', il n'était pas rare ces temps-ci que McGonagall ne la convoque pour un oui ou pour un non, l'accablant de tout un tas de responsabilités que j'exècrais puisqu'elle réduisait considérablement le nombre de nos escapades dans la Salle sur Demande.

Alors que l'image de ces divines excursions flottait dans mon esprit, j'entendis tout juste Chris m'anoncer qu'il partait devant pour rejoindre Abigaël. Rêveur, je finis tout de même par mettre la main sur mon uniforme de QUidditch que j'enfilai en toute hâte en constatant que l'entraînement commençait dans une dizaine de minutes. Il ne m'en fallut guère plus pour rejoindre le terrain en petites foulées, ce qui constitua une certaine forme d'échauffement. Au final, j'arrivai avant mes deux amoureux d'amis qui flannaient probablement non loin de là.

L'équipe finit par se reconstituer, petit à petit. Tout en donnant quelques légers coups de coude bagarreurs à la petite Lucy avec qui j'en avais fais un jeu, presque un rituel avant chaque entraînement, je parcourai le parc du regard. Victoire n'était toujours pas arrivée. Abi ne tarda d'ailleurs pas à le remarquer à son tour.

-Dave, tu n'aurais pas vu Victoire ?
-Non, mais elle ne va pas tarder, je pense ! Tu peux commencer, elle va rattraper ensuite ! m'exclamai-je d'un ton sûr avant de me tourner vers Lisa et Ryan qui s'échauffaient déjà au loin. Eh, venez par là les loulous ! Abi n'a pas la voix qui porte, ce n'est qu'une femme après tout !

A ces mots, j'esquissai un clin d'oeil amusé à l'égard de la jeune femme et reçus une grande claque dans le dos de la part de Chris qui jouait les grands seigneurs. Finalement, nos deux coéquipiers nous rejoignirent avant que la guerre générale ne soit déclarée. L'entraînement commença enfin. Ravi par cette coupure dans les révisions, je retrouvai très vite mes marques sur le terrain, reformant l'équipe de choc que nous constituions Chris et moi. Les cognards fusaient à tout allure et je ne pus que constater les progrès de la petite Lucy qui parvenait maintenant à les esquiver avec toute la grâce propre à la gent féminine de la famille Weasley. Chaque fois, je la félicitais d'une petite claque sur l'épaule avant de reprendre de l'altitude pour observer le jeu.

Avec l'absence de Victoire, Abigaël semblait avoir le plus grand mal à mettre en place une attaque digne de son nom. Comme si Merlin prenait soudain pitié d'elle, la poursuiveuse manquante fit son apparition au bout du terrain. Au moment même où je remarquais sa présence, Abi arrêta le souaffle pour me devancer et rejoindre la jeune Weasley. Lorsque je posai le pied à terre, les deux cousines étaient déjà en grande conversation dans un français que je ne comprenais toujours pas. Ignorant l'obstacle de la langue, je m'inscrustai dans le débat pour attirer Victoire près de moi et l'embrasser avec douceur avant de blaguer :

-Laisse-moi deviner : McGo' t'a retenue pour t'annoncer ta nomination au poste de directrice adjointe ?!

Serdaigle Nombre de messages : 21 Age : 34 Date d'inscription : 09/01/2010

-Beuuuuurk !

L'air dégoûté, je m'emparai de la longue queue de rat qu'un David distrait avait laissé derrière lui après usage d'un sortilège de disparition plus que médiocre pour un élève de septième année sur le point de passer ses ASPIC et de quitter l'école. Goldstein n'était pas un mauvais sorcier, bien au contraire ! Il était même plutôt du genre talentueux à douter sans cesse de ses capacités ce qui me désespérait à un point inimaginable. J'aurais tellement voulu pour lui qu'il se voit dans un miroir qui ne soit pas déformé par les réprimandes de son père ou par la supériorité en tout point de Victoire à côté de qui, j'en étais persuadé à présent, il se sentait définitivement minable. Ce sortilège de disparition était largement à sa portée. Il était absent, déconcentré, résigné, peut-être ?

-T'es avec nous ou pas ? Au lieu de prendre des cours particuliers dans le seul domaine où tu n'as pas de conseils à recevoir, tu ferais mieux de demander à Victoire de te réexliquer les bases de la métamorphose !

Cette remarque lourde de sous-entendus n'était qu'une petite boutade tout juste destinée à dérider mon camarade et à lui rappeller que certaines choses en valaient la peine. A mon avis, cela eut l'effet escompté puisque David plongea sous la table pour mieux dissimuler son humeur joyeuse au professeur. A vrai dire, je ne me souvenais pas l'avoir déjà senti si heureux et épanoui avec Victoire si bien que je ne pouvais que m'en réjouir pour lui et laisser toutes mes craintes quant à la constance de la jeune femme se dissiper peu à peu.

-Tu t'es vu, toi ?! Ta tête d'épingles a gardé les yeux de ce pauvre hérisson !
-Si tu ne lui dis rien, je ne lui dirai rien ! Question de fierté et de solidarité masculine !
-C'est bien parce que c'est toi !

La fin du cours arriva en même temps que celle de la journée. Il fut bientôt temps pour nous de regagner la Salle Commune des Serdaigle pour nous préparer à l'entraînement qui devait avoir lieu le soir-même. Durant la pose déjeuner, peu avant que les cours de l'après-midi ne commencent, j'avais tenté sans succès de convaincre Abigaël de laisser toute cette pression et toutes ces obligations de côté pour nous offrir une soirée en tête à tête. Ma proposition avait été aussitôt rejetée, à mon grand désespoir. Les moments que nous passions tous les deux étaient exquis, bien sûr, mais bien trop rares pour ne pas nous laisser un goût amer dans la bouche à chaque séparation. Et ce n'était encore rien comparé à ce qui nous attendait à la fin de l'année scolaire...

Je renonçai finalement à m'attarder davantage sur la question, préférant revêtir mon uniforme en quatrième vitesse et quitter le dortoir avant David afin de me réserver quelques instants seul à seul avec Abi. Je la retrouvai à la fin de son cours d'Histoire de la Magie. Alors que je la prenais doucement pour les épaules et l'attirait à moi pour l'embrasser, je parvins à relativiser et à me dire que nous aurions tout le week-end pour nous rattraper. C'est avec cette pensée beaucoup plus rassurante en tête que je traversai le parc aux côtés de la jeune femme pour rejoindre le reste de l'équipe qui nous attendait déjà sur le terrain. Là, je me détachai d'Abigaël, le temps d'aller chercher les balles, ce qui lui laissa le temps de revêtir sa casquette de capitaine en comptant ses brebis égarées.

-Dave, tu n'aurais pas vu Victoire ?
-Non, mais elle ne va pas tarder, je pense ! Tu peux commencer, elle va rattraper ensuite ! Eh, venez par là les loulous ! Abi n'a pas la voix qui porte, ce n'est qu'une femme après tout !

Faussement exaspéré par la remarque de David et bien obligé de remplir à merveilles mon tout récent rôle de petit ami auquel je m'accomodais fort bien, j'esquissai une petite tape dans le dos de mon ami pour lui faire part de mon mécontentement. Mais je n'eus pas le temps de m'attarder davantage sur le chose car déjà, l'entraînement commençait, ce qui n'était pas pour me déplaire. La fatigue à l'approche des examens commençait à se faire sentir et je n'avais qu'une hâte, en finir au plus vite.
Commença alors le bal des cognards à qui je fis une fête incomparable, soutenu toujours aussi fidèlement par un David qui, pour une fois, semblait ne pas s'inquiéter plus que cela de l'absence de Victoire. Celle-ci finit d'ailleurs par faire son apparition, bien plus tard, ce qui motiva un arrêt de jeu. Alors qu'Abi et David fonçaient sur notre amie, je pris le temps de mettre les cognards en lui sûr afin d'éviter tout accident avant de les rejoindre à mon tour.

-Eh voilà ! ça batifole, ça batifole et après... incapable d'exécuter correctement un sortilège de disparition ou de se souvenir de l'horaire de l'entraînement ! Bravo ! Belle mentalité !

A ces mots, j'adressai un clin d'oeil complice à Abigaël.

Observant sans un mot ses coéquipier évoluer dans la ciel, Victoire fut frappée par l'étrange grâce de leurs mouvements et la justesse des figures que sa cousine, comme l'excellente Capitaine qu'elle avait toujours été, s'était appliquée à enseigner à son équipe. D'en bas, cette improbable chorégraphie était encore bien plus saisissante que des gradins et bien entendu plus spectaculaire que lorsqu'elle était vécue à même l'action. Abigaël volait comme elle marchait dans la vie de tous les jours, avec aisance et élégance, ne paraissant pas le moins du monde perturbée par le maniement délicat de sa monture d'un nouveau genre. Chris, Lucy, Ryan et Lia avaient développé leurs techniques et semblaient jouer au Quidditch comme s'ils étaient nés sur des balais. Quant à David... eh bien, Victoire préférait ne même pas essayer de qualifier son allure, puisqu'à trop y penser elle finissait irrémédiablement par en oublier l'essentiel de son emploi du temps.

Alors qu'enfin, l'attention d'Abi venait d'être attirée par la jeune femme, Vic' esquissa une grimace d'embarras. Elle s'en voulait réellement d'avoir oublié l'entraînement pour des raisons aussi futiles, d'autant plus que David, lui, y avait manifestement pensé sans faute. Cela dit, heureusement pour eux tous, Abigaël ne semblait pas lui en tenir rigueur outre mesure et c'est avec un soulagement marqué que la fille de Fleur écouta sa cousine lui parler dans sa langue maternenne. Elle ne se fit d'ailleurs pas prier pour y répondre, entamant un débat que seule l'intervention de David viendrait stopper quelques minutes plus tard.

- Je suis tellement désolée, Abi, ça m'est honnêtement sorti de la tête, je suis montée dans le Dortoir après les cours et j'ai... Enfin, disons que j'ai en quelque sorte révisé... Je sais qu'il est vraiment tard mais on peut toujours faire quelques enchainements avant de rentrer ? Ne m'en veux pas, je sais que c'est n...

Victoire n'eut pas l'occasion de terminer sa phrase, étant donné que Dave venait de surgir devant elle pour la prendre par la taille et l'embrasser sans la moindre gêne envers qui que ce soit. Laissant là sa culpabilité, Vic' répondit avec tendresse au baiser du jeune homme et rit de bon coeur en l'entendant supposer l'omniprésence, pas si surréaliste que ça, de McGonagall dans la vie quotidienne de la fille de Fleur depuis quelques temps.

- Pas exactement, fit-elle donc avec un regard malicieux à l'intention du Préfet en Chef. J'ai bien essayé d'aller prendre le thé avec elle mais j'ai confondu son bureau avec la Salle sur Demande !

Elle adressa un sourire complice à Dave avant de se tourner vers Chris, qui, une fois les Cognards maîtrisés, s'avançait vers eux à grandes enjambées pour une démonstration magistrale de ses perpétuelles taquineries. Il était talonné par Lia, Ryan et Lucy qui affichaient des expressions amusées face à la situation.

- Que veux-tu, Chris, tu dis toi-même que les femmes ont du mal à se concentrer sur deux choses à la fois, plaisanta-t-elle donc avant de se tourner vers Abi. Prête pour un petit quart d'heure supplémentaire ?

Et, sans attendre la réponse de sa cousine, la jeune femme sortit sa baguette et attendit l'arrivée de son balai, qui ne tarda pas à fendre l'air pour la rejoindre. Elle s'élança alors dans les airs, suivie des six autres, et bientôt l'entraînement ne fut plus pour elle qu'un mélange flou de passes du Souaffle, de Cognards sifflant à ses oreilles et de la présence quasiment invisible du Vif d'Or. De temps en temps, son batteur de petit ami arrivait en trombe juste devant elle, l'empêchant de poursuivre sa course, pour lui adresser un large sourire auquel elle répondait soit par une queue de poisson à une vitesse affolante, soit par une feinte de Wronski la plupart du temps relativement réussie. Et ce n'est qu'après plusieurs buts marqués à Ryan, qui pour l'occasion jouait le Gardien adverse, et un cri victorieux de Lucy signifiant qu'elle avait enfin saisi le Vif, que l'équipe se retrouva sur la pelouse pour se diriger, en commentant la séance avec enthousiasme, vers le Château.

Après de brefs saluts adressés à leurs trois coéquipiers, qui partirent directement dans la Grande Salle pour dîner, le quattuor décida de passer se changer dans leurs dortoirs respectifs avant une ballade détendue dans le Parc. A peine arrivée à la moitié des escaliers qui les mèneraient au dortoir des filles de Septième Année, Victoire se tourna vers Abigaël avec un large sourire et, ne prêtant pas la moindre attention au fait qu'elle puisse évidemment être entendue de tous, elle commença en français :

- Ce que je vais te dire va te sembler évident, mais tant pis, et puis profitons-en puisque personne ne nous comprend ! Sincèrement, ma puce, je suis désolée d'avoir manqué les trois quarts de la séance, je sais que je suis à moitié dans la lune ces temps-ci... Mais tu vois, j'ai passé des semaines entières à me rendre malade en pensant au mal que je faisais à Ted pour un homme que je n'étais même pas sûre de ne serait-ce qu'apprécier et... et j'en suis complètement sûre, maintenant : j'aime David Goldstein. Franchement, ça peut paraître débile, mais venant de moi, tu es la première à savoir que c'est un grand pas d'effectué !

Journaliste Nombre de messages : 234 Age : 31 Date d'inscription : 27/12/2007

Malgré l’absence significative de Victoire, l’entrainement de Quidditch se déroulait sans encombre. Le Souaffle suivait un chemin méticuleusement tracer dans l’esprit de la Capitaine jusqu’aux grands cercles délimitant les buts. Ryan se défendait bien en tant que gardien adverse, mais Abi réussit à déjouer plusieurs des tentatives de blocage du Souaffle de la part de Ryan. Elle connaissait ses joueurs par cœur, ce qui lui donnait un avantage certains sur les autres, mais elle tentait de ne pas trop l’utiliser quand ils se mettaient en condition de rencontre réelle.

A présent, qu’elle se trouvait au sol, au coté de sa cousine, toute l’équipe était au complet. En effet, lorsqu’une personne manquait à l’appel, tout le monde était dans une situation de difficulté, mais elle n’en voulait pas à Victoire, loin de là. Le stress des ASPIC, les cours qui s’enchainaient sans relâche, et toutes les responsabilités de la fille de Fleur étaient difficiles à gérer, et prenaient un temps énorme dans l’emploi du temps de Victoire, Abi le concevait. De plus, elle comprenait que sa cousine veuille passer des moments avec David, comment pouvait-elle la blâmer ? Durant la pause repas, Abi avait réellement failli se laisser tenter par le petit tête à tête que lui avait proposé Chris, mais certains plaisirs passent après des responsabilités, au grand désarroi de la française...
Voulant donc couper court aux excuses de Victoire, Abigaël afficha un sourire complice, et commença à esquisser un mouvement en avant, mais elle fut stoppée par l’arrivée de David qui eut le mérite de faire taire la jeune Weasley. Il était plutôt fort à ce jeu là d’ailleurs, se dit-elle en dissimulant un sourire amusé. Chris se joint à eux, après avoir rangé les Cognards dans leur coffre à l’aide d’une technique purement professionnelle. Elle l’accueillit avec un grand sourire avant d’aller se lover contre lui, riant à la remarque pleine de sous-entendu qu’il venait de lancer à l’attention des deux autres Serdaigles. Lia, Lucy, et Ryan vinrent se poser non loin d’eux attendant la suite de l’entrainement, sans aucun doute. Lorsque Victoire lui proposa des prolongations à leur entrainement, Abigaël ne put retenir un doux rire avant de la regarder de précipiter dans les airs.

-On continue comme tout à l’heure, Ryan ! Et, ne nous ménage pas surtout ! Commença-t-elle avant que ce dernier s’envole vers ses buts. Lucy, à toi de jouer ! Chris et Dave vont se charger de te mettre des bâtons dans les roues !

Esquissant un sourire complice aux deux batteurs de son équipe, elle adressa un regard maliceux à Lucy avant de l’observer reprendre de l’altitude avec grâce. Se tournant vers Chris, elle s’attarda quelques secondes sur la contemplation de son visage, et du fin sourire qui était dessiné sur ses lèvres, Abi l’embrassa avec douceur avant de prendre la même direction que tous ses camarades, accompagnée de Lia.

L’entrainement fut plus intéressant avec la participation de Victoire, et alors qu’Abigaël prenait de la hauteur par rapport à ses camarades, elle évalua les atouts de son équipa. Lucy s’entrainait très dur pour être à la hauteur des attentes de la Delacour, et cette dernière était fière des progrès que la petite Weasley avait fourni depuis le début de la saison. Ryan constituait à lui seul, un atout majeur. En effet, il maitrisait toutes les balles sans exceptions. Lia et Victoire formaient avec elle-même un trio d’enfer pour se faufiler avec astuce entre les joueurs pour atteindre les buts. Pour finir, Chris et David constituaient un duo parfait. Les deux amis connaissaient les points forts, ainsi que les points faibles de l’autre, et parvenaient à se compléter mutuellement. Souriant, Abi réalisa avec bonheur qu’elle avait mis en place une équipe de Quidditch presque parfaite, et avait confiance en eux.

Au moment où Lucy attrapa le Vif d’Or, la Delacour fit signe à tout le monde de redescendre : l’entrainement était fini, et il était temps de rentrer. Saluant ses camarades, et les remerciant pour leur efficacité de cette nuit là, elle suivit Victoire, David et Chris vers la Salle Commune des Serdaigles. La française était en train de monter les escaliers qui la menait vers les dortoirs des Septièmes Années quand Victoire se tourna vers elle pour s’exprimer d’un français clair, et parfait. Un large sourire se formait petit à petit sur les lèvres d’Abi alors que sa cousine se confiait à elle. Lorsque celle-ci eut fini, la fille de Gabrielle ne put s’empêcher d’attirer sa cousine dans ses bras ne quittant pas l’expression qu’elle arpentait depuis plusieurs heures. En effet, un joie sans borne l’animait, et rien, ni personne n’aurait pu lui enlever cette joie de vivre.

-Ne sois pas désolée, ma puce ! Ca peut arriver à tout le monde d’oublier un entrainement, je ne t’en veux pas ! Commença-t-elle en se détachant de Victoire. A propos de David, je peux aujourd’hui t’avouer, que je ne t’ai jamais vu aussi heureuse ! Il t’aime, ça n’a aucun doute ! Tu as grandi, et tu as dépassé un capte, alors ne te pose pas de question, et profite !

A ces mots, elle ne laissa pas sa cousine lui répondre puisqu’en effet, elle l’attrapa par la main pour l’emmener jusqu’à leur dortoir. Abigaël se doucha avant d’enfiler un jean cintré, et un chemisier rayé noir et blanc. Attendant que Victoire sorte de la salle de bain, elle se brossa les cheveux, et se maquilla. Fin prête, les deux cousines rejoignirent Chris et David dans la Salle Commune. Accueillant Chris dans ses bas, elle l’embrassa langoureusement profitant de ses quelques instants avec lui. Elle était consciente qu’ils se faisaient de moins en moins nombreux, mais elle avait peur... Mais jamais, elle ne lui avouera. Se détachant de son emprise qu’elle appréciait pourtant tellement, elle adressa un regard complice à Victoire avant d’entrelacer ses doigts dans ceux de Chris, et de se diriger vers le parc. En effet, le quatuor avait pour habitude de s’offrir des petites balades depuis que l’atmosphère s’était réchauffé à l’extérieure. Arrivant prés du lac, Abigaël s’assit, suivie par ses camarades à qui elle adressa un large sourire. Ces moments allaient tellement lui manquer...

-Alors, Vic’ ?! Commença-t-elle avant de réaliser qu'elle parlait français. L'habitude. McGo te laissa réellement carte blanche pour organiser le Bal de fin d’année ?

» Un ptit kit pour Dave ! =D
» Ne jamais oublier ses cadets ! =)
» Le retour de Chris =]
» Chris Corner [Serdaigle]