Les responsabilités sont parfois bien agréables !

- Miss Weasley, venez dans mon bureau je vous prie !
- Mais qu'est ce que j'ai encore fait ?
- Non, pas vous, Lucy -
- Je vous jure que je ne suis pas responsable de l'attaque de Véracrasses dans le dortoir des Serpentard, Madame !
- Pas vous non plus, Molly, quoique j'aimerais entendre parler de cette histoire plus avant... Miss Victoire Weasley, cessez donc de vous tripoter les cheveux et suivez-moi immédiatement je vous prie.

Avec un soupir, Victoire s'apprêta à abandonner sa cousine Abigaël dans le couloir où les deux jeunes femmes avaient jusqu'à cet instant tenu une conversation particulièrement poussée sur les comportements respectifs de Chris et David à quelques semaines seulement de la fin des cours, et donc des vacances qui les sépareraient de leurs dulcinées. Car si Chris Corner avait pris le parti de se rapprocher encore un peu plus de l'élue de son coeur pour profiter de chaque seconde passée en sa compagnie, David Goldstein devenait, lui, de plus en plus distant face à Victoire et à leur relation déjà parfois conflictuelle. Inquiète quand à l'avenir de son couple, et, accessoirement certes mais de manière inévitable, de celui de son plus cher groupe d'amis, Vic' avait donc pris le parti de faire part de ses soucis à sa confidente de toujours, Abigaël. Et, bien qu'en ce très court laps de temps obtenu au détour d'un couloir les choses n'auraient probablement pas pu mieux se régler entre les deux cousines, Abi s'était montrée aussi mystifiée que Victoire face à l'attitude de Dave. Malgré tout ce qu'elle pouvait laisser paraître, la jeune femme était profondément éprise de son amoureux et la situation actuelle ne pouvait que l'inquiéter au plus haut point - car après tout, leur départ commun de Poudlard était à présent imminent et qui sait ce qu'une relation peut vous révéler, lorsqu'elle n'est pas vécue au jour le jour ?

C'est donc avec ces pensées sombres et la mort dans l'âme que Victoire se força à suivre la directrice en gardant la tête haute, laissant une Abigaël soucieuse derrière elle et se préparant à affronter les probables foudres de McGonagall. Vic' n'avait rien fait de mal, à ce qu'elle sache, mais peut être que cet accidentel E à son dernier devoir de Métamorphose, venant entacher une longue lignée de O amplement mérités, avait fini par sauter aux yeux de la vieille enseignante...

- Miss Weasley, fermez la porte et asseyez-vous, lui intima Minerva d'une voix aussi sèche que d'ordinaire alors qu'elles pénétraient dans le bureau directorial.

La belle rouquine s'exécuta sans mot dire, et posa sagement les mains sur ses genoux en attendant ce qui ressemblait à s'y méprendre à un procès - quoique à huis très clos.

- Miss Weasley, commença Minerva d'une voix égale en n'affichant aucune expression déchiffrable, vous n'êtes pas sans savoir que la fin de l'année approche et que ce seul fait aura inévitablement certaines conséquences dans l'établissement...

Elle va me parler de mes ASPIC, songea Victoire non sans un certain agacement : elle était encore largement assez maîtresse d'elle-même pour savoir qu'elle allait évidemment réussir ses examens haut la main, sans avoir besoin de formelles remontrances de la part de la directrice. Aussi la fille de Fleur ne put-elle retenir un petit soupir agacé, qu'elle regretta aussitôt - mais cela ne sembla pas déranger le moins du monde Minerva, qui continua placidement :

- ...dont le Bal de fin d'année, qui ne manquera pas de se dérouler dans des circonstances abominables, comme à chaque fois que Poudlard entre dans un processus de festivités, acheva la vieille femme en fronçant les sourcils, visiblement aterrée à l'idée qu'une bande de jeunes puisse avoir envie de fêter la fin des examens.

Stupéfaite, Vic' ne put retenir un demi-sourire à l'écoute de l'annonce que venait de lui faire son interlocutrice, tout en sentant une bonne partie de sa pression s'évaporer comme par magie : si Minerva l'avait convoquée avec tant d'empressement, ce n'était pas pour un problème de notes personnelles, mais bien parce qu'elle était Préfète-en-Chef et qui plus est grandement apte à organiser la meilleure fête qui soit ! "Un processus de festivités", comme le disait si bien McGonagall, qui promettait d'être plus qu'amusant en compagnie de Chris, Abi et Dave... si ce dernier se déridait un peu, pensa Vic' non sans une certaine amertume. Elle adressa néanmoins un large sourire à sa supérieure hiérarchique en acquiesçant avec enthousiasme.

- Je vous chargerai donc, contrairement à mon habitude, d'organiser du mieux que vous le pourrez ce Bal, afin d'éviter tout débordement majeur - je pense notamment à Mr Potter, qui prendra sans doute un malin plaisir à engager Miss Owen et Mr Finnigan comme fauteurs de troubles... Veuillez prendre les choses en main, Miss Weasley, je compte sur vous. Bien sûr, il vous est tout à fait possible de demander l'aide de certains de vos camarades pour parer à cette délicate tâche, mais veillez à bien vous entourer, conclut la directrice avec un regard appuyé en direction de la jolie rousse.
- Je ferai tout mon possible, répliqua Victoire avec assurance et en tentant de son mieux de ne pas penser que, même si David acceptait de l'aider dans son entreprise, Minerva risquait fort de l'écarter au plus vite de leur projet - tout le monde savait que malgré son statut de Préfet-en-Chef, le jeune Goldstein avait une réputation aussi désastreuse que celle de James parmi les rangs des professeurs, et notamment dans l'esprit de McGonagall.

Ce n'est qu'alors qu'elle prenait congé de la directrice, refermant avec soin la porte derrière elle, que Vic' laissa sa joie prendre le dessus sur toutes ses apréhensions. Sans plus de retenue, elle éclata de rire et partit presque en courant dans les couloirs, impatiente d'annoncer la bonne nouvelle à Abi et Chris. Mais au moment précis où elle bifurquait avec un peu trop d'allégresse dans un couloir particulièrement étroit, elle rentra de plein fouet dans une silhouette familière, qu'elle mit un certain temps à reconnaître.

- Oh, désolée, fit-elle, pour une fois réellement confuse, en levant les yeux vers le visage de l'intrus.

-Eh, mon vieux ! Un petit entraînement, rien que nous deux, ça te tente ?

-Hmmm. Bof. 'pas
-Tout va bien avec Vic' ?
-Penser battes et cognards te ramènent systématiquement à ma petite amie ou bien est-ce le hasard qui a conduit ton esprit à poser successivement deux questions sans le moindre rapport ?

Malgré mon état de fatigue généralisé et la profonde lassitude dont je faisais preuve depuis quelques semaines à l'égard de tout ce qui me concernait de près ou de loin, je posai un oeil bleu et rieur sur Chris sans pour autant prendre la peine de quitter mon lit sur lequel j'étais lamentablement avachi depuis quelques minutes.

-Non, aucun rapport... Mais j'ai eu l'occasion de parler avec Abi et...
-Ah.

Cette réponse monosyllabique n'était pas réellement adaptée à la situation mais elle avait au moins le mérite de couper court à la conversation. En vérité, je n'étais pas sûr de vouloir en entendre davantage. Les confidences de Victoire à Abigaël me concernant ne m'intéressaient que très peu puisqu'il me semblait les connaître avant même qu'elles ne soient parvenues à mes oreilles. Ces derniers temps, je m'étais montré pour le moins distant avec ma petite amie. La peur que j'avais de la perdre à l'issue de cette année scolaire me paralysait à tel point que, de peur qu'elle ne sente ma main trembler légèrement dans la sienne, je m'étais volontairement retiré de son existence, petit à petit, pour finir par être aux abonnés absents, ces derniers temps, prétextant quelques devoirs inexistants à terminer sitôt qu'elle s'avançait pour m'enlacer.

Et pourtant, je ne me souvenais pas avoir autant eu besoin de son soutien et de son avis qu'à cet instant décisif de mon existence où le seul appui dont je disposais était celui de mon meilleur ami. Chris m'était d'une aide sans égale mais, se montrant plus mature et courageux que moi, il avait décidé de consacrer ce qui lui restait de temps, en dehors des révisions, à Abigaël et à elle seulement afin de ne rien regretter une fois qu'ils auraient quitté Poudlard. Comment faisait-il ? Je l'ignorais. Et ma fierté légendaire ne me poussait pas à lui poser la question.
Parfois, le soir, ou pendant les repas lorsque je croisais quelque fois ce regard azur tant aimé, il m'arrivait de me demander ce que Victoire pouvait bien penser à mon sujet. Chaque fois, la haine que je ressentais à mon égard était si forte que je mordais mon oreiller ou serrais les poings pour la contenir. J'allais la perdre. Définitivement.

Brusquement, je me redressai sur mon lit et braqua sur Chris un regard dans lequel je laissai transparaître, pour la première fois depuis des années, une lueur de terreur.

-Où est-ce que je peux la trouver ?
-Je viens de croiser Abi qui m'a dit que McGo' a demandé à la voir. Elle doit sûrement être encore dans son bureau à l'heure qu'il est !

Sans plus attendre, je sautai au bas du lit et me précipitai hors du dortoir. Bousculant quelques élèves de première année au passage, faisant briller mon insigne de Préfet-en-Chef en réponse à leurs protestations, je finis par quitter la Salle Commune des Serdaigle. Là, j'entammai une course folle à travers les couloirs pour rejoindre le bureau directorial, perfermance que j'aurais probablement effectuée en un temps reccord si je ne m'étais pas heurté à un être non identifié se déplaçant visiblement à une vitesse égale à la mienne mais que ma masse musculaire arrêta nette.
Cette voix, je l'aurais reconnue entre mille. Sentant mon coeur faire un bon dans ma poitrine, je fixai Victoire, immobile et silencieux, ne sachant trop quel comportement adopter.

-Je t'aime..., murmurai-je enfin, ne sachant même pas si ma voix fébrile était parvenue jusqu'à ses oreilles.

Dans le doute et pour prouver la véracité de mes propos, je me penchai lentement vers elle pour effleurer ses lèvres, hésitant, comme pour demander la permission après ces longues semaines de silence.

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C'est avec une stupeur difficilement égalable que Victoire, alors qu'elle levait la tête vers la silhouette imposante qui l'avait si brutalement stoppée dans sa course, reconnut en ce fameux intrus David Goldstein. Cela faisait peut être une semaine qu'elle n'avait pas adressé un mot au jeune homme, et qu'elle éludait avec une habileté très recherchée toutes les questions qui concernaient leur relation, ne sachant pas trop où se situait la vérité. Même Chris, avec qui elle s'était pourtant considérablement rapprochée ces derniers mois, n'avait pas su la renseigner sur l'état réel des sentiments de David à son sujet, et bien que les deux Serdaigle affichent toujours cette étonnante complicité qui faisaient d'eux les meilleurs amis du monde, Vic' ne doutait pas qu'ils évitent de parler d'elle avec un soin tout particulier - et peut être parfois même handicapant.

Bien évidemment, Victoire s'était mise à penser au Bal de fin d'année dès le mois de mars, comme tous les ans, et avait déjà planifié avec Abigaël de l'assortiment de leurs tenues respectives depuis aussi longtemps. Et bien évidemment, dans ces aimables rêveries pleines de paillettes et des sourires admiratifs de tous les autres élèves de Poudlard, Victoire marchait triomphalement au bras de son cavalier David. Bien évidemment, ces derniers temps, ces fantaisies s'étaient quelque peu envolées en fumée... jusqu'à maintenant.

- David ! s'exclama donc la jolie rousse en ramenant presque nerveusement ses cheveux en arrière.

L'espace d'un instant infinitésimal, la fille de Fleur resta interdite, à observer, immobile, le visage de Dave. A ce moment précis, l'écho des rires lointains d'autres étudiants dans un couloir et le bruit entêté de la pluie crépitant aux carreaux s'étaient stoppés soudainement pour laisser place au son de son coeur tambourinant dans sa poitrine. Ce n'était peut être pas un scoop digne de ceux que pouvait dégoter Abi pour le Journal de l'Ecole, ça n'avait sûrement pas grand impact sur le monde en général ; mais David Goldstein lui avait manqué. Vic' voulut trouver un moyen d'exprimer toutes ces émotions à la fois et, alors qu'elle se débattait plus ou moins avec ses propres mots, Dave prit le parti de parler à sa place. Un large sourire quoiqu'un peu surpris étalé sur le visage, la belle savoura quelques secondes ces quelques mots qu'elle avait crus définitivement perdus de la part de David, puis rendit son baiser au jeune homme avec tendresse.

- Je t'aime aussi, lui chuchota-t-elle à l'oreille, avant de se détacher doucement mais fermement de lui.

Car ce n'est qu'une fois remise de ces émotions que Victoire recula d'un pas et osa regarder David droit dans les yeux sans ciller, pour poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis plusieurs jours :

- Est ce que tu as l'intention de disparaître à nouveau ? J'hésite à te reprendre dans mes bras, Dave, si jamais tu repars ça sera plus douloureux, et je ne veux pas non plus avoir l'air d'être en carence affective complète, si tu comptes rester...

L'espace d'un instant, je songeai que dans ce "David", il y avait quelque chose qui sonnait faux, comme une gêne également trahie par le geste nerveux dont usa Victoire pour ramener ses cheveux en arrière. De plus, auparavant, elle n'aurait jamais employé mon prénom en entier dans une telle situation ! Aussi, l'espace d'un instant, je crains qu'elle ne me repousse, qu'elle ne s'apprête à m'expliquer les conséquences de chacune de mes erreurs pour finalement conclure que notre relation n'avait pas le moindre sens et que, face à mon absence, elle avait préféré se tourner de nouveau vers Ted Lupin. Etait-ce possible ? Pour me rassurer, je me dis que si tel avait été le cas, j'en aurais été informé. Abigaël l'aurait, de toute évidence, confié à Chris qui, en ami fidèle, me l'aurait rapporté ou du moins m'aurait épargné en me déconseillant fortement de rejoindre Victoire en cet instant.

Mais mes inquiétudes eurent tout fait de se noyer dans le sourire de ma bien aimée pour bientôt disparaître totalement dans le baiser qu'elle m'administra avec tendresse et auquel je répondis à mon tour. Les quelques mots qu'elle prononça alors à mon oreille suscitèrent chez moi une vague de reconnaissance et de désir qui me submergea... avant de me quitter aussi vite qu'elle était parvenue, alors que Vic' se détachait de moi avec une certaine fermeté qui me laissa perplexe. Préparé au pire, j'écoutai néanmoins ce qu'elle avait à me dire, conscient du fait que même si cela devait me faire du mal, il était important et légitime qu'elle mette des mots sur ce qu'elle avait pu ressentir, par ma faute, ces derniers temps.

Je ne pensais pas que si peu de mots pouvaient me faire tant de mal. Honteux, j'abaissai mon regard bleu sur les vieux pavés du couloir. De toute évidence, Victoire était dans l'attente d'une réponse, d'une promesse peut-être. Etais-je réellement en mesure de la lui faire, à l'heure actuelle ? Pouvais-je garantir que mes craintes ne m'envahiraient pas de nouveau pour m'éloigner d'elle à nouveau, à jamais cette fois peut-être ? Trop terrifié à l'idée de me retrouver dans une telle situation, je décidai de me montrer sincère et de mettre mon âme à nue pour la première fois, face à l'être que je chérissais le plus au monde. Doucement, je pris les mains de Vic' pour finalement relever lentement mon regard vers elle.

-J'ai tellement de peurs et de doutes, si tu savais... Je suis tellement persuadé du fait que la vie risque de nous séparer... Je ne suis pas préparé à ça. Tu es ce que j'ai de plus cher au monde et je suis bien trop bête et fier pour te l'avouer !

Honteux, je baissai de nouveau les yeux, le temps de marquer une pause.

-J'ai tellement l'impression que nous ne sommes que des enfants à qui l'on demande de devenir des adultes en l'espace de quelques semaines, avant que les cours se terminent. Tu as toujours été plus mature et intelligente que les autres alors que moi, je suis resté un gamin... Est-ce que j'ai la carrure pour devenir quelqu'un en dehors de ce fichu chateau ? Et mon père qui me poursuit...

Après avoir pris une grande inspiration, je plantai de nouveau mon regard bleu dans celui de Victoire.

-J'ai besoin de toi, tu sais... Si je suis là, c'est que je ne partirai pas. Je sais que je donne l'impression de me prendre pour ce que je ne suis pas mais en vérité, plus ça va et plus je me sens nain, surtout à côté de toi. Tu es tellement plus... brillante... plus... Je t'aime. Je t'aime plus que tout et j'ai peur de te perdre... Je suis désolé.

Peut être était-ce le mauvais temps, certes légendaire en Angleterre, mais néanmoins minant, qui pesait à ce point sur les appréhensions déjà omniprésentes de Victoire. Peut être était-ce la sombre et glaciale atmosphère du couloir qui menait au non moins austère bureau de Minerva McGonagall qui provoquait chez la jeune femme d'inexplicables frissons, la forçant à croiser les bras un peu plus fort sur sa poitrine. Peut être que son coeur ne battait si fort qu'à cause de l'excitation de la mission que venait de lui confier la directrice, peut être que la boule qui semblait se former dans sa gorge n'était due qu'au stress de ces dernières semaines et à toutes les responsabilités auxquelles la fille de Fleur faisait face en permanence, et évidemment avec brio. Tous ces symptômes, qu'elle avait pourtant appris à décrypter il y avait bien longtemps, lui parurent plus alarmants qu'enivrants et c'est avec une application méthodique que Vic' tenta de leur trouver des causes plus improbables les unes que les autres, afin que, lorsque David lâcherait enfin la bombe qui planait au-dessus de leurs têtes, le choc en soit un peu moins brutal et douloureux.

Car si, en ce qui concernait Abi, Victoire avait toujours été capable de discerner pour elle les expressions faciales de tous les hommes qu'elles cotoyaient, la manière dont David gardait les yeux fixés sur elle lui paraissait quasiment sibylline, voire de très mauvais présage quant à l'avenir de leur relation. Le coup ne serait pas seulement dur pour sa fierté, réalisa la jolie rousse alors qu'elle fronçait les sourcils sans lâcher David des yeux : s'il la quittait maintenant, les mois à venir seraient un véritable enfer, un tourbillon obscur de souvenirs impossibles à conjuguer à l'imparfait dans un esprit pour lequel le désir devait être une donnée permanente. Si jamais il prononçait ces mots fatidiques, auxquels elle s'attendait tout en les redoutant plus que jamais, son monde de perfection se fissurerait aussitôt et il ne lui resterait qu'assez d'énergie pour garder la tête haute et préserver son image, mais pour combien de temps ? C'est à cet instant précis que Victoire Molly Weasley, se sentant comme une enfant dans son stupide uniforme scolaire, réalisa à quel point elle aimait David Goldstein et à quel point elle avait besoin de cette présence, moins étouffante que celle de Ted et pourtant si rassurante. Aussi un déclic se fit-il dans la tête de la jeune femme, qui, en l'espace d'une demi seconde, prit la décision de ne pas se laisser dominer par ses impressions ; elle parla exactement en même temps que Dave, en saisissant les mains du jeune Serdaigle dans les siennes sans se rendre compte que lui aussi avait fait un mouvement vers elle :

- David, j'ai été stupide, je m'en veux horriblement mais ce n'est pas une raison pour partir, je ne te forcerai à rien, on a le temps, mais ne me laisse pas, je...

Et soudainement, Victoire s'arrêta. Elle venait d'assimiler ce que Dave, pendant qu'elle se répandait en un discours qui ne lui ressemblait certes pas mais n'en était pas moins sincère, venait de lui déclarer... et lentement, la belle sorcière relâcha son emprise presque désespérée sur les mains de son amoureux. Elle se tut et prit le parti d'écouter ce que David avait à dire, en tentant de masquer un large sourire de soulagement et sans quitter des yeux ce visage tant aimé, et qui lui avait tellement manqué ces dernières semaines. Au fur et à mesure que le jeune homme laissait déferler des sentiments manifestement profondément enfouis jusque là, Vic' reprit contenance, affichant une expression tour à tour peinée puis grave, avant de se mordre la lèvre en laissant un silence équivoque s'installer entre eux. La belle n'avait jamais songé une seule seconde au fait que ses notes, sa réputation, ses projets pour l'avenir ou même son environnement familial aient pu faire de l'ombre à ceux de Dave. Levant une main hésitante pour caresser la joue un peu rêche du jeune Serdaigle, elle passa un instant ses bras autour du cou de David et l'enserra dans une brève mais apaisante étreinte. Se détachant enfin de lui, elle commença à parler d'une voix un peu hésitante :

- Dave, personne ne t'obligera à changer du jour au lendemain, peu importe ce que ton père peut en penser... On n'est pas censés devenir adultes, juste rester comme on est sans avoir à porter ces immondes uniformes, fit-elle avec un léger sourire. Je t'aime pour tes défauts aussi bien que pour toutes tes qualités, et les notes ne feront plus aucune différence une fois qu'on aura quitté l'enceinte de l'Ecole. Je suis fière de toi parce que tu crois en tes rêves ! Ma mère me répétait toujours "deviens ce que tu es" quand j'étais petite, c'est peut être du Nietzsche mais ça n'en est pas moins nécessaire.

Elle reprit son souffle et poursuivit, avec un regard appuyé à l'intention de David :

- On n'a pas à être séparés une fois sortis d'ici... je ne veux pas te quitter, et si je veux travailler au Ministère je ne pourrai plus vivre à Loustry Ste Chaspoule de toute façon...

Alors que Victoire m'attirait doucement à elle, je vins nicher mon visage au creux de son cou, profitant de ce bref instant d'apaisement pour rendre ma respiration plus régulière. Bien que l'étreinte ne fut pas longue, le bien être que je pus en tirer se prolongea grâce aux paroles que prononça la jeune femme de cette voix douce et sure qui m'inspirait une pleine confiance. A mesure que le soulagement me gagnait, je me sentai tout particulièrement stupide d'avoir cru un seul instant, qu'après tout ce que nous avions traversé ensemble, notre départ du château ait pu nous séparer. Si parfois je doutais de moi-même et, en conséquence, de l'amour que Victoire pouvait me porter, il n'en était rien en cette instant. Bien que ma fierté m'empêchâ de l'avouer, elle était tout pour moi et mon attitude passée n'était que la résultante de ma crainte de la perdre.

Lorsque la jeune femme eut finit son discours, je posai doucement mes mains sur sa taille fine et l'attirait vers moi, dans un élan d'amour et de reconnaissance, pour finalement la retenir prisonnière entre le mur le plus proche et ma silhouette imposante de batteur. Là, je carressai doucement sa joue du bout des doigts tout en l'observant de mon regard clair. Par certains aspects, j'aurais aimé lire notre futur à deux dans ses deux sphères azur. Mais parfois, je songeai que c'était dans cette part d'ombre et d'inconnu, toutes ces blessures que nous avions appris à guérir ensemble que nous puisions toute la force qui pouvait nous lier. Je n'étais pas quelqu'un d'engagement, loin du Prince Charmant idéal prêt à couvrir sa belle de promesses et c'était sans doute ce qui l'avait fait me préférer à Ted ! Mais nous allions grandir et tôt ou tard, mon incapacité à me fixer quelque part l'éloignerait de moi. A cet instant, alors que je plongeai mon regard dans le sien, je songeai qu'au lieu de me morfondre de la sorte, je me devais d'être prêt à tous les compromis, à tous les sacrifices pour elle. Et je l'étais.

J'abandonnai là toutes mes réflexions et préoccupations pour me pencher sur ce visage tant aimé que j'embrassai avec bien plus de fougue que je ne l'avais fait quelques minutes auparavant.

-Moi non plus je ne veux pas te quitter ! J'abandonnerai tout pour toi s'il le fallait et je n'ai sûrement pas l'intention d'écouter mon père ou de devenir aussi morne, triste et inintéressant qu'un adulte perdu entre son numéro de la gazette du sorcier et son whisky pur feu - quoique je ne dise pas non au whisky !

A ces mots, je ne pus retenir un sourire amusé, le premier vrai sourire que j'affichais depuis plusieurs semaines. Je retrouvai néanmoins très vite un air sérieux pour me pencher de nouveau vers Victoire et, après avoir déposé un rapide baiser sur ses lèvres, murmurer avec empressement :

-Et si on partait tous les deux ? Juste un week-end, juste une fois, n'importe où, hors des murs, hors du monde, hors du temps... ! Penser à nous, juste à nous ! Oublier les révisions, les études, les écoles, les choix !

Je marquai une pause et fermai les yeux un instant, réalisant plus que jamais que si je voulais rester à Londres auprès de Victoire il me faudrait laisser là mes rêves de carrières de joueur de Quidditch.
Les yeux toujours fermés, je vins murmurer, mes lèvres tout contre celle de la jeune femme :

-Choisir, c'est renoncer... Et je ne veux pas renoncer à toi, Vic' !

C'est le coeur bien plus léger qu'auparavant que Victoire se laissa attirer tout contre David, profitant de cette nouvelle démonstration d'amour pour respirer l'odeur du jeune homme ; l'espace d'un instant, la belle se demanda comment elle avait pu vivre sans lui pendant tant de temps, et se passer de toutes ces sensations qui semblaient à présent faire partie d'elle - le toucher doux du tee shirt de Dave, la chaleur de son corps, le refuge de ses bras puissants et la force toute masculine qui émanait de lui. Cet aparté silencieux fut cependant interrompu par l'initiative de David qui, dans un élan qui fit naître un large sourire sur le visage de Victoire alors qu'elle se laissait emprisonner entre le mur et son amoureux - et elle n'aurait pu désirer plus parfait geôlier.

Le regard plongé dans celui, plus clair et brillant que jamais, du batteur des Serdaigle, Vic' leva une main qu'elle passa dans les cheveux du jeune homme, pour caresser sa joue et retracer les contours de ce visage tant aimé et qu'elle n'avait, malgré l'absence et les rancoeurs, jamais oublié dans ses plus infimes détails. Si jamais Minerva McGonagall se décidait à sortir de son bureau à ce moment précis, songea la fille de Fleur avec malice, c'en était fini de leurs titres de Préfets en Chef et de leurs places dans l'équipe de Quidditch.

Mais ça n'avait aucune importance aux yeux de la jeune femme, ou en tout cas bien moins que la certitude du fait que David Goldstein l'aimait toujours. Aussi Victoire rendit-elle son baiser à Dave avec passion, comme envahie d'amour et de désir, et eut le plus grand mal à se détacher de lui pour entendre sa réponse.
C'est avec un sourire amusé que la belle accueillit la remarque de son homme alors qu'elle se remémorait toutes les soirées qu'ils avaient passées avec Abi et Chris, soirées qui avaient vu défiler bien plus d'une bouteille de whisky en effet...

La suite du discours de David mit un certain temps à parvenir jusqu'au cerveau de Victoire, qui ne put en croire ses oreilles pendant un moment - David, qui clamait toujours haut et fort son incapacité totale à prendre des engagements, venait de lui proposer un week-end en amoureux ! Stupéfaite, la jolie rousse ré-instaura un peu de distance physique entre son amoureux et elle afin de pouvoir le regarder avec des yeux ronds, avant d'éclater de rire en se jetant au cou du jeune homme. Choisir, c'est renoncer, comme Dave l'avait si bien dit, et en lui demandant de ne pas la quitter Vic' savait qu'elle mettait aussi des limites aux rêves du batteur - mais le temps n'était pas aux conséquences de leurs choix... seulement aux rêveries. A nouveau, Vic' rapprocha petit à petit son visage de celui de Dave et l'embrassa avec passion.

- On part quand tu veux, mon coeur, fit-elle donc à l'oreille de David, l'excitation perçant dans sa voix.

Elle adressa lui un large sourire, les mains posées de chaque côté du visage de son amoureux, et reprit avec une expression malicieuse :

- Quelque chose me dit que Minerva devra se passer de ses Préfets en Chef dès vendredi soir... la fin des cours approche, de toute...

Mais Victoire n'eut pas le temps d'achever sa phrase : en effet elle s'interrompit en jetant un regard inquiet vers la gargouille qui gardait l'entrée du bureau directorial. Elle était presque sûre d'avoir entendu des bruits de pas...
Ce n'est qu'en voyant la statue commencer à pivoter que la jeune femme saisit la main de Dave et l'entraîna derrière une des larges colonnes qui supportaient le plafond du bâtiment - juste à temps, sembla-t-il, car au moment précis où ils arrivèrent dans leur cachette la voix chevrontante de Minerva McGonagall parvint à leurs oreilles, dans une sorte de monologue particulièrement monocorde. Non sans peine, Victoire se retint de rire de la situation en entendant la vieille femme maugréer seule alors qu'elle se rapprochait dangereusement d'eux...

- Au moins, Miss Weasley se chargera du Bal... espérons seulement qu'elle n'entraînera pas son délinquant d'ami dans l'aventure, je suis bien trop vieille pour faire la police... Bon, maintenant, il s'agit de retrouver Mr Potter et de lui reparler de cette histoire de Véracrasses. A moins que ce ne soit l'oeuvre de Miss Molly Weasley ? Les jeunes, de nos jours...

[cente]Si je m'étais regardé de l'extérieur en cet instant, je ne me serais probablement pas reconnu. Il n'était pas dans mes habitudes de me montrer si entreprenant ! Quelques mois plus tôt, je n'aurais probablement pas pu envisager d'exorter Victoire à passer un week-end seul avec moi, non pas par peur de profiter de la vie - cela n'était vraiment pas mon genre - mais plutôt dans la crainte qu'elle ne voit cette invitation comme la preuve d'un engagement quelconque de ma part. En ce jour, je m'engageais, d'une certaine façon, sans en avoir réellement conscience probablement. Mais cela ne m'inquiétait plus. Seuls comptaient désormais les deux grands yeux bleus de Vic' qui me fixait à présent, trahissant sa stupeur mais aussi une certaine excitation face à ma demande.

Son rire... Je sentis le sol se dérober sous mes pieds alors qu'il résonnait dans le couloir. Un sourire vint bientôt se greffer sur mon visage tandis que je l'accueillais dans mes bras. Plus heureux que je n'avais su l'être ces derniers temps, je profitai de cet instant de tendresse pour inspirer profondément, le temps d'emplir mes poumons du parfum de la jeune femme. Alors qu'elle approchait son visage du mien, je lui adressai un sourire secret et complice avant de répondre à son baiser avec cette même passion, ce même désir qui nous faisait nous retrouver en cet instant, plus unis encore que nous ne l'étions lorsque j'avais décidé malgré moi de prendre un peu mes distances.

Alors qu'elle murmurait son accord à mon oreille avec excitation, je fermai les yeux pour mieux profiter de cet instant. Je finis par les rouvrir juste à temps pour déceler une expression malicieuse sur le visage de Victoire qui, par un sous-entendu plutôt habile, m'annonça qu'elle était même prête à partir ce vendredi même ce qui me combla de joie.

Une joie qui fut malheureusement de courte durée puisque Vic' s'interrompit dans l'explication de son plan pour se saisir de ma main et m'entraîner à sa suite derrière une des colonnes que l'on retrouvait tout au long du couloir. Perplexe, je lui adressai un regard surpris qui fut bientôt traversé par un éclair de compréhension lorsque la voix de Minerva McGonagall parvint à mes oreilles. Amusé, je tendai l'oreille au monologue de la vieille femme et manquai de peu de partir dans un grand éclat de rire en réalisant que je hantais les pensées de la directrice.

Emporté par l'absurdité de ce genre de situations qui me ravissait au plus au point, je glissai mes bras autour de la taille de Victoire et l'attirait contre moi pour murmurer à son oreille :

-Ainsi donc, on est chargé de l'organisation du bal et on n'annonce pas la bonne nouvelle à son délinquant d'ami ? Les représailles seront terrrrrribles !!!

A ces mots, je fis courir mes doigts sur le ventre de la jeune femme, la menaçant implicitement de déclarer une grande guerre de chatouilles.

-Et si le délinquant enlève la divine Préfète-en-Chef d'ici-là ? murmurai-je dans un souffle avant de déposer un rapide baiser dans le cou de Victoire. Si tu ne revenais pas de notre petite escapade ? Si je te gardais pour moi tout seul ?

Alors qu'un doux sourire s'étirait sur mon visage qui paraissait déjà bien plus détendu et reposé qu'il ne l'était quelques minutes auparavant, je me lançai dans une énumération de destinations possibles que je soumettais à la belle entre deux baisers, tout en jouant distratement avec les boutons du chemisier de la jeune femme.

-Alors ? Paris ? Dublin ? Rome ? Madrid ? Madame n'a qu'à demander ! Ô, bien sûr, si la préparation du bal te préoccupe trop je comprendrai tout à fait... ! ...

Ces dernières paroles avaient été ajoutées non sans un sourire malicieux.[/center]

A vrai dire, si seulement McGonagall avait eu dans l'esprit le fait assez commun de parler pour obtenir des réponses, Victoire aurait pu lui confirmer la culpabilité de sa cousine Molly dans l'affaire des Véracrasses de Serpentard dont les Préfets entendaient parler en quasi permanence. Mais voilà, la vieille femme, toute occupée par son monologue renfrogné, n'attendait pas la moindre interaction de qui que ce fût et avançait avec une lenteur inexprimable le long du couloir, passant à la hauteur de la colonne des amoureux juste au moment où David passait deux bras fermes autour de la taille de Vic', qui avait déjà le plus grand mal à ne pas rire de la situation. A présent lovée tout contre le jeune homme, elle laissa courir doucement ses doigts sur sa peau, que laissaient entrevoir ses manches de chemise perpétuellement retroussées dans une attitude rebelle. Se retenant à grand peine de réagir alors que Dave faisait glisser ses mains le long du ventre de la jeune femme, menaçant non sans mesquinerie de révéler leur cachette à Minerva sur un simple mouvement des mains, Victoire sourit avec fierté en songeant au rôle que lui avait attribué la vieille directrice quelques minutes auparavant - minutes qui, à présent, lui paraissaient extrêmement lointaines...

- Prouve-moi que tu es assez délinquant pour faire de ce Bal autre chose qu'une garden party guindée, et tu seras cité dans les organisateurs, murmura-t-elle donc avec malice, en posant ses mains sur celles de Dave.

Elle se laissa un moment aller à savourer les baisers de David, les yeux fermés, ne les rouvrant que pour vérifier l'avancée de Minerva, qui avait enfin dépassé la colonne. Si jamais elle se retournait, elle nous verrait immédiatement, songea Victoire, que la présence de David aussi près d'elle empêchait de culpabiliser. Pour le moment, la belle se contenta d'écouter son amoureux imaginer un enlèvement qui, s'il paraîtrait peut être dans le Poudlard's News d'Abigaël, ne serait sûrement pas classé dans la rubrique "faits divers graves".

- Je te défie de m'enlever, David Goldstein, ajouta-t-elle donc, la tête légèrement tournée de manière à ce que ses lèvres soient tout près du menton du jeune Serdaigle, sur lequel elle déposa un tendre baiser.

Laissant vagabonder son esprit, pour une fois délivré de toute forme d'inquiétude, la jolie rousse s'imagina annoncer ses réconciliations à Abi et ses projets d'escapades. Les deux cousines pourraient passer des heures à discuter des destinations possibles pour les deux amants, et bien sûr leur conclusion serait la même, comme si un voyage romantique pouvait se concevoir ailleurs qu'à...

- Paris, chuchota Victoire, une pointe d'excitation dans la voix ; elle tardait de faire découvrir la seconde partie de ses origines, et de son existence, à Dave.

Et alors que le batteur proposait avec amusement de la laisser se pencher sur les préparatifs du Bal, Victoire rétorqua dans un rire étouffé :

- Tais toi et embrasse-moi, idiot !

Car l'heure n'était pas aux préparatifs de Bal ou aux examens de fin d'année, et même la présence théoriquement menaçante de McGonagall n'empêcherait pas Dave de défaire consciencieusement les boutons du chemisier de Vic', sans aucun scrupule. ^^ Se retournant lentement pour faire face au jeune homme, dans un léger bruit de tissus froissé, Victoire n'attendit pas de vérifier la position de Minerva pour embrasser Dave avec plus d'ardeur que jamais, alors que la cravate du jeune Serdaigle se desserrait comme par enchantement. Les préparatifs du voyage attendraient encore un peu...

- Mr Potter, si vous êtes dissimulé de manière puérile et stupide derrière cette colonne de pierre, je vous prie de bien vouloir en sortir sur-le-champ ! Ne jouez donc pas l'empoté et apprenez à parler plus bas lorsque vous voulez vous cacher !

Victoire fut à nouveau arrachée à sa bulle d'intimité avec David par la voix sèche de la vieille directrice, qui avait pourtant presque atteint le bout du couloir :

- Et vous aussi, Miss Owen, je ne sais ce que vous traficotez mais il en coutera cher à Gryffondor !

Lorsque Victoire m'exposa les conditions nécessaires à mon admission au sein du groupe organisateur du bal, je ne pus retenir un sourire amusé. Comment pouvait-elle douter de mes talents en la matière ? Il était évident que si je me chargeais du projet, la fête n'aurait pas le moindre rapport avec une Garden Party guindée ! A l'heure actuelle, j'avais suffisament de bons contacts pour introduire secrètement de l'alcool dans cette soirée, en quantité suffisante pour que Potter et Owen sombrent dans un coma éthylique. Un peu vexé de voir que ma petite amie sous estimait mes capacités, je m'apprêtai à prostester mais me retins. Vic' semblait déjà voguer vers des horizons lointains au bal et je n'avais pas la moindre envie de gâcher la douceur de ces retrouvailles.

Alors qu'un doux baiser sur mon menton vint accompagner un ultime défi, je fermai un instant les yeux pour savourer ce moment avant de les rouvrir et d'adresser un clin d'oeil complice à la jeune femme. Si celle-ci n'avait pas eu la possibilité de sortir majore de notre promotion avec la mention Optimal à chacune des épreuves des ASPIC, j'aurais probablement mis mon plan à exécution. Mais mon amour pour elle me soufflait de patienter encore un peu le temps de la voir briller une nouvelle fois et asseoir définitivement son intelligence supérieure.

Notre destination raisonna bientôt dans mon oreille, donnant une concrétisation à notre projet qui provoqua chez moi un long frisson. Je n'eus pas le temps de m'attarder davantage sur la question, préférant rire à l'odre proféré par Victoire et à m'éxécuter aussitôt en répondant avec passion au baiser de la jeune femme, plutôt surpris que celle-ci fasse preuve de tant d'ardeur alors que McGonagall n'était pas loin. Etant donné que le respect du règlement n'était pas dans mes préocupations premières, je ne m'attardai pas davantage sur la question. Doucement, je posai mes mains sur celle de Vic' pour l'aider à desserrer ma cravate jusqu'à la retirer totalement avant de murmurer, l'air espiègle :

-Wow ! Miss Weasley ! Votre délinquant de petit ami vous dévergonde !

Et, ne lui laissant pas le temps de répondre, je l'embrassai de nouveau tout en la prenant de nouveau par la taille pour la ramener contre le colonne tant pour rétablir notre cachette que pour nous assurer une position plus confortable. Ignorant totalement les remarques de la directrice, je desserai à mon tour la cravate de la jeune femme tout en l'embrassant tendrement dans le cou alors que mes mains glissaient de nouveau vers les boutons de son chemisier. Ce moment aurait pu être délicieux si McGonagall n'avait pas définitivement décidé de jouer les troubles fêtes. Non sans un soupir exaspéré, je me détachai doucement de Victoire avant de poser un doigt sur ses lèvres.

-Ne joue pas avec l'estime de notre chère directrice alors que la salle sur demande est toute proche, mon coeur ! Si tu n'étais plus Préfète-en-Chef, qui sait si je te convoiterai toujours autant ?

Alors qu'un sourire amusé fendait de nouveau mes lèvres, j'embrassai furtivement la belle pour me faire pardonner. Puis, je me penchai à son oreille pour murmurer :

-Fais les cents pas devant le mur et supplie-le de nous ériger un temple de l'Amour. Ne t'attarde pas trop sur les détails, je ne la retiendrai pas longtemps !

A ces mots, je poussai légèrement Victoire plus loin dans le couloir avant de lui tourner le dos pour observer Minerva McGonagall de derrière la colonne. Silencieusement, je sortis ma baguette magique avant de plonger une main dans ma poche pour un sortir un des leurres explosifs que j'avais toujours sur moi pour effrayer les élèves de première année. A l'aide d'un sortilège informulé, je parvins à faire léviter jusqu'à le lancer d'un geste précis de ma baguette afin qu'il vienne exploser à l'autre bout du couloir, le plus loin possible de notre cachette.

-POTTER !

A l'appel de ce nom et alors que la directrice courrait aussi vite que le lui permettait son âge avancé vers le lieu de l'explosion, je pensai à tous les ennuis que risquait d'avoir James et je ne pus retenir un rire étouffé. Néanmoins, je restai concentrer et plongeai de nouveau ma main dans ma poche pour en sortir une pincée de Poudre d'Obscurité Instantanée du Pérou et la lancer dans le couloir. Alors que l'obscurité gagnait le couloir et menaçait de m'engloutir à son tour, je tendai une main derrière moi, attendant que Victoire la saisisse et me guide vers notre cachette alors que la directrice vociférait toujours, probablement aveuglée elle aussi :

-Potter, vous allez avoir des ennuis ! Gryffondor ne gagnera pas la coupe par votre faute !

Si la perspective de passer tout un week end en tête-à-tête à Paris avec son amoureux rendait Victoire euphorique, elle n'était rien à côté de l'effet que pouvait avoir sur elle l'idée que même maintenant, même en présence de la directrice et même contre un mur de pierre austère et glacial, David lui appartenait tout entier. Entièrement transportée par sa joie et son impatience de retrouvailles tant morales que physiques, la belle sorcière ne se souciait pas le moins du monde des conséquences que pourrait avoir un éventuel sursaut de perspicacité chez McGonagall, si jamais cette dernière en venait à les découvrir cachés derrière une colonne, dans une tenue qui n'avait plus rien à voir avec les codes réglementaires de l'Ecole. En fait, il fallait bien avouer que l'idée même du danger d'être vue dans une situation aussi compromettante avait un je ne sais quoi d'excitant, un petit quelque chose qui empêcha la jeune femme de ressentir toute forme de gêne alors qu'elle sentait les boutons de son chemisier céder un par un sous les doigts experts de David.

De très loin et sans qu'elle sache vraiment pour quelle raison, un souvenir surgit dans sa mémoire, réminiscence assez floue de confidences faites à Abi et surprises par Daphné. Des secrets censés le rester bien sûr, à propos de Ted, lors d'une des multiples conversations tenues entre les deux cousines pendant les vacances alors qu'elle avaient à peine quinze ans :
- Je te jure qu'il l'a fait, et juste devant le bureau de McGonagall, en plus !
- Vous êtes complètement fous, elle aurait pu vous voir !
- Oh, Abi, on s'est juste embrassés, rien de bien méch...
- Mais c'est répugnant ! Et tu en es fière, en plus ? Qu'est ce qu'elle va en penser, maman ?
- Daphné, ou Diane, qui que tu sois, ferme-la et grandis un peu !

Mais la jolie rousse chassa vite ces rêveries, noyées sous les baisers du jeune Serdaigle ; et comme pour savourer encore un peu plus son présent, Vic' ne se priva pas pour laisser ses mains courir le long du torse de son amoureux, dont la cravate était à présent complètement défaite. Avec des gestes presque fébriles, elle commençait tout juste à déboutonner la chemise de Dave... lorsque ce dernier s'écarta d'elle pour éloigner la vieille McGonagall une bonne fois pour toutes. Répondant aux taquineries du jeune homme par une grimace enfantine, elle se laissa néanmoins embrasser en ne mettant fin à leur étreinte qu'à regrets.

Victoire attendit prudemment que David ait jeté son sortilège pour se diriger prestement vers la porte de la Salle sur Demande, située à quelques mètres seulement de leur colonne. En usant de son imagination, qu'elle avait en de telles circonstances forcément fertile, pour imaginer le décor parfait à son "temple de l'Amour", la belle passa trois fois devant le pan de mur pour le moment vide avec une impatience manifeste, pendant que Dave faisait marcher ses meilleures techniques de fauteur de troubles contre la pauvre directrice. James allait en prendre un sacré coup, songea la jeune femme alors que, devant ses yeux satisfaits, une vulgaire porte de bois venait de faire son apparition...

Sans plus attendre la belle fit alors demi-tour, pour chercher plus ou moins à tâtons la main de son amoureux dans l'obscurité qui venait de soudainement tomber sur le couloir. Vic' ne mit pas longtemps à sentir les doigts de Dave fermement agrippés aux siens, et c'est en les entrelaçant que la jeune femme guida son amoureux jusqu'à la fameuse porte bien avant que Minerva ait pu mettre fin au maléfice. Les vociférations irritées de McGonagall n'empêchèrent pas la jolie rousse de refermer la porte de son sanctuaire derrière David et elle, et d'admirer son travail le temps de reprendre son souffle.

Immense et ovale, la pièce avait pris des proportions dantesques par rapport à ce que les réunions de la DCFM avaient pu ancrer dans l'imaginaire de ses membres. Les murs et le plafond pourpres, d'une hauteur invraisemblables, faisaient place à nombre de bougies allumées un peu partout sur les rares meubles et le sol tapissé d'une épaisse moquette presque dorée (cliché ? Les responsabilités sont parfois bien agréables ! Icon_razz

). C'est après avoir jeté un regard admiratif à l'immense lit qui trônait au milieu de la chambre que Victoire se tourna vers David, pour s'avancer vers lui avec un large sourire.

- Qu'est ce que tu penses de ton temple de l'Amour, mon coeur ? murmura-t-elle à l'oreille de David, se préparant à la meilleure réconciliation qu'elle eût pu souhaiter.

L’espace de quelques secondes, ma main resta suspendue dans le vide alors que je tendais l’oreille, inquiet à l’idée de voir McGonagall mettre un terme à ma diversion enfantine en quelques coups de sa baguette experte. Fort heureusement pour moi, il semblait plus aisé pour la directrice d’enchaîner nombre de sortilèges complexes pour élaborer les nouvelles défenses du château que de mettre fin à une plaisanterie de mauvais goût digne d’un sorcier de premier cycle ! Amusé, j’esquissai un sourire satisfait au moment même où ma main trouva enfin celle de Victoire. Je me laissai entraîner à la suite de la jeune femme jusqu’à la salle qui venait tout juste d’apparaître au milieu du couloir. Une fois la porte refermée, je pris un temps pour m’appuyer contre le mur et laisser éclater le fou rire que j’avais difficilement contenu jusque là.

-Elle est folle de rage ! Jamie chéri ne va rien comprendre, le pauvre !

Lorsque ma satisfaction fut retombée et alors que je retrouvais une respiration normale, je pris le temps de parcourir la pièce de mon regard bleu. En quelques minutes, Victoire avait fait un travail formidable, comme d’habitude, donnant à cette pièce un caractère que je ne lui connaissais pas et qui n’avait pas le moindre rapport avec l’ambiance qui y régnait lors des réunions de la DCFM. Plus intimiste, plus accueillante, la salle semblait comme décidée à rendre nos retrouvailles meilleures encore qu’elles ne promettaient de l’être. Bluffé, je répondis au sourire de Victoire et retins difficilement un léger frisson lorsque son souffle chaud se fit de nouveau sentir au creux de mon oreille.

-Je crois…, commençai-je dans un murmure avant d’embrasser furtivement la jeune femme et de venir poser mes mains sur sa taille. Je crois qu’on ne devrait pas pouvoir être intelligente, douée, arrière petite-fille de vélane et française, impunément !

A ces mots, je pris une expression faussement menaçante avant de soulever la jeune femme de terre pour l’entraîner jusqu’au lit sur lequel je la laissais tomber sans ménagement avant de m’allonger au-dessus d’elle, hissé sur un coude pour ne pas l’écraser de tout mon poids. Là, mon expression se radoucit et un sourire s’étira sur mes lèvres qui se refermèrent de nouveau sur celles de Victoire.

-La vie t’a trop gâtée ! râlai-je avant de murmurer à son oreille. Et elle me gâte trop en me laissant vivre si près de toi !

A cet instant, je me sentais plus idiot que jamais de l’avoir délaissée alors que j’avais la chance inouïe de compter un tant soit peu pour elle. Je l’avais tant aimé et l’aimais tant que ça me perdrait sûrement. Mais ça n’avait plus la moindre espèce d’importance alors que je l’embrassais de nouveau avec ferveur. Lentement, mes mains reprirent l’ouvrage qu’elles avaient dû délaisser quelques minutes plus tôt et le chemisier du triste uniforme ne fut bientôt qu’un vague souvenir alors que mes doigts courraient doucement sur la peau nue de Victoire sur laquelle je déposais quelques tendres baisers entre lesquels je parvins à murmurer :

-Je t’aime bien trop et je ne te mérite pas !

C'est sans opposer la moindre résistance à David, qui aurait de toute façon été inutile face à sa carrure de batteur, que Victoire se laissa porter jusqu'à l'immense lit de sa conception personnelle de la Salle sur Demande. Tous sourires face à l'énumération que fit le jeune homme de toutes les caractéristiques de la fille de Fleur, elle s'apprêta l'espace d'une seconde à lui rétorquer qu'on ne pouvait pas non plus être impunément doux, intelligent, drôle, magnifique et batteur dans le même temps... mais n'en eut pas l'occasion alors que Dave la laissait tomber sur un océan de draps soyeux, sans que bien sûr elle lui oppose la moindre opposition - bien au contraire. Avec des gestes précis quoique quasi inconscients elle se débarassa de ses chaussures d'écolière, reprenant par cet acte pourtant banal tous ses droits dans son nouveau sanctuaire à la lumière dansante. Alors qu'elle sentit le corps de David peser sur elle, la belle sembla retrouver tous ses repères et c'est avec une soif d'amour presque irrépressible qu'elle saisit en douceur le col de la chemise du jeune Serdaigle pour l'attirer à elle et l'embrasser avec passion alors que la cravate de Dave tombait comme au ralenti sur le lit, cette fois vaincue.

Vic' accueillit la remarque de son amoureux avec un léger rire, alors même que ses doigts semblaient prendre une vie propre à eux seuls en faisant glisser à son tour la chemise de David, dévoilant au regard admiratif de la jeune femme le résultat de tant d'heures de dur labeur sur le Terrain de Quidditch.

- Elle ne t'a pas oublié non plus, fit-elle donc, alors que ses mains reprenaient tous leurs droits et caressaient tendrement le visage, puis le torse du batteur. Tu es parfait...

Les examens, les préparatifs du Bal, les déboires de la direction de l'Ecole face aux récentes attaques d'élèves inexpliquées, la rancoeur de James et les regrets d'Abi, tout ça ne fut plus qu'une vague floue de soucis très lointains qui se retira lentement alors qu'une foule d'émotions envahissait Victoire. Elle retrouverait ses problèmes plus tard ce soir, ou même au matin, peut être le surlendemain, tant que sa bulle d'intimité si parfaite pouvait rester intacte au contact enivrant de David. Au-delà des malentendus et des retours vers le passé parfois néfastes, les deux amants avaient surpassé tout ce qui pouvait encore entacher leur présent si brillant, pour le moment. Ce n'était plus une question d'avenir, de projets à concrétiser, de devoirs à remplir et d'obstacles à franchir : car cette suite d'instants-là s'avèrerait évidente, et peu importait qu'elle fût égoïste et laissât le reste du Château dans ses mornes habitudes et ses petits mystères quotidiens.

- Tu mérites d'être aimé, mon ange, on se mérite tous les deux, souffla-t-elle, je t'aime tellement...

Laissant alors son désir prendre le pas sur ses paroles, Victoire entama les si précieux termes de ses réconciliations avec David, en souhaitant que ce traité-là ne prenne ^mus jamais fin.

Pour la première fois depuis longtemps, je sentis mes craintes s'envoler et chacun de mes muscles se détendrent. La pression n'avait jamais été aussi forte que ces derniers temps, tant au niveau des examens que des décisions importantes que nous apprêtions tous à prendre sans savoir où elles risquaient de nous mener. Mais pour l'heure, plus rien de tout ça n'avait d'importance. Pour la première fois depuis longtemps, les paroles de Victoire résonnèrent à mon oreille comme la plus pure et la plus simple des vérités venue éclairer l'obscurité environnante. Peut-être que malgré les médisances et les mises en garde de bon nombre de nos camarades, Vic' était vraiment sincère en fin de compte. Peut-être qu'il lui était possible de m'aimer, tout simplement. Peut-être que j'avais une certaine valeur à ses yeux, d'une façon ou d'une autre.

Je fermai les yeux un instant, laissant un sourire appaisé fendre mon visage. Puis, je posai doucement un doigt sur les lèvres de Victoire, une façon de lui intimer de ne pas en dire davantage, avant de l'embrasser avec passion, m'abandonnant à un désir grandissant et de plus en plus mal contenu. Alors que mes mains redessinnaient les formes de la jeune femme, je me laissai aller à la beauté de l'instant et m'appliquai à lui offrir des retrouvailles à la hauteur de notre amour réciproque.

***

Lentement, mes doigts se refermèrent sur les draps pour en couvrir la silhouette de Victoire contre laquelle je vins me serrer, une de mes mains se posant sur la sienne tandis que l'autre jouait avec quelques unes de ses mèches rousses que peu de personne pouvait se vanter d'avoir déjà vu si désordonnés ! ( Razz

) Elle ne m'apparraissait pas souvent si naturelle, simple et pourtant, il me sembla à cet instant que c'était comme cela que je l'aimais le plus. Sans doute parce que j'étais probablement la seule personne avec qui elle s'autorisait à l'être et que je gardais chaque fois cette image d'elle dans mon esprit comme un secret jalousement gardé.

-Un ange passe..., murmurai-je dans un souffle à l'oreille de Victoire avant de déposer un furtif baiser sur sa tempe.

Qu'il était bon de se retrouver enfin après cette longue période de doutes qui semblait, à présent, à des millénaires au moins du château, de la salle sur demande, de nous. Et quelles retrouvailles !

-Je crois que c'est un français qui a dit "L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime", non ? murmurai-je, l'air pensif avant d'esquisser un sourire malicieux. On devrait toujours prendre le temps de nous absenter un peu si notre réconciliation est toujours aussi délicieuse !

Je me hissai sur un coude pour mieux observer Victoire et me penchai tout près de ses lèvres pour y souffler :

-Tu es sublime...

En sentant une vague de drap soyeux la recouvrir doucement, Victoire reproduit le geste de David, cachant comme pudiquement son corps nu pour mieux aller se blottir contre le jeune homme. Caressant du bout des doigts la main de son amoureux, elle leva un regard tendre vers lui, couvant des yeux ses mèches brunes et échevelées et les fossettes qui se creusaient invariablement à la commissure de ses lèvres chaque fois qu'il souriait. Bien sûr, Vic' n'était pas à son avantage, les cheveux éparpillés en de longs rubans cuivrés un peu partout sur les draps, et le maquillage forcément un peu effacé... Pourtant, l'expression de David ne trahissait aucune forme de déception, plutôt un mélange d'affection et de fascination presque enfantine pour le visage de Vic', qu'il était presque le seul à pouvoir voir aussi défait de tout artifice.
Silencieuse, savourant plus que jamais la présence de David et leur petite bulle d'intimité, seul endroit à Poudlard où personne ne viendrait les rappeler à leurs innombrables devoirs, Vic' ferma les yeux alors que Dave déposait un baiser sur sa tempe. Dans un monde absolument parfait, songea la jeune femme avec un sourire, la Salle sur Demande ferait soudainement disparaître sa propre porte et les deux amants de retrouveraient prisonniers pour un temps infiniment plus long que les quelques minutes qu'ils parvenaient à se réserver chaque jour...

Un ange passa, en effet, alors que la fille de Fleur tentait de placer des mots sur ses sentiments, sur le moment magique qu'elle venait de passer et qui se devait de ne jamais prendre fin. Si chaque dispute entre David et elle devait mener à de telles étincelles, il était absolument hors de question qu'elle regrette ne serait-ce qu'une fois la morne tranquillité de sa relation avec Ted - même si, comme le lui avait déjà dit Abi, "pour une relation trop sage, elle est loin d'être platonique !"

- Alfred de Musset, murmura la jeune femme avant d'embrasser tendrement la joue de son amoureux. "L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime..."

Se lovant encore un peu plus contre le jeune Serdaigle, Vic' ajouta, avec un large sourire :

- Je suis sûre qu'on n'a pas besoin d'absence pour se retrouver... toutes les semaines... tous les jours... toutes les nuits !

Avec un rire léger, Vic' laissa David se pencher à nouveau sur elle et sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine à la suite des mots, si délicieux, du jeune homme. La jolie rousse ne savait plus comment lui témoigner de son amour, et de l'émerveillement dans lequel il venait de la plonger pour ce qui lui paraissait une forme d'éternité. Aussi laissa-t-elle ses lèvres se refermer longuement sur celle de Dave, avant d'enfin exprimer ses sentiments... dans la langue maternelle de Fleur.

- C'était magnifique, David... tu es magnifique, fit-elle donc en enroulant ses bras autour du cou du jeune homme, qui n'avait sans doute pas compris l'exacte signification de ses propos mais pourrait se fier au contexte pour en déduire le sens général. ^^

Et, alors qu'elle caressait à nouveau avec douceur le visage du Préfet-en-Chef, elle l'embrassa avant de conclure son discours des seuls mots que Dave ne pouvait pas manquer de comprendre :

- Je t'aime, plus que jamais !

» En peu de temps parfois on fait bien du chemin. [PV Vic']