Faire une paix qui ait la grandeur d'âme de la guerre (Ted)

Le principal inconvénient des vacances passées à Poudlard était sans nul doute de devoir supporter encore davantage l’immaturité des Poufsouffles, l’angoisse des Serdaigles – de plus en plus marquée à l’approche des examens - et, surtout, le complexe de supériorité dont souffraient tous les Gryffondors dignes de ce nom ! Dans de telles conditions, ce qui devait se présenter comme quelques semaines d’un repos bien mérité se muait en un véritable cauchemar, à la limite du supportable. Mais plus cauchemardesque encore étaient les vacances passées à Londres, du moins était-ce la pensée de Willow en cette belle matinée, alors que le doux soleil printannier peinait à percer les vitres poussérieuses du manoir des Dolohov. Parfois, la jeune fille se surprenait à imaginer et à envier le prestige que sa famille avait pu connaître, jadis. Elle avait beau tenter de se démarquer des autres sangs purs, elle n’appréciait pas particulièrement sa condition présente : devoir sans cesse répondre que oui, elle était effectivement la fille d’un des plus dangereux mangemorts de la dernière guerre, celui-là même qu’on avait enfermé à Azkaban où il avait finit ses jours dans la misère la plus totale, n’avait vraiment rien de réjouissant ! Et le plus repoussant – du point de vue de la jeune Serpentard, du moins – était sans doute la façon dont sa mère gardait la tête haute, crachant des vipères à tous les nés moldus du canton, matriarche sans scrupules d’une famille aussi désohonnorée qu’apauvrie.

*Pitoyable !*

D’un geste rageur, Willow jeta son livre de potions contre le mur de sa chambre, ravalant sa rancœur à l’égard de cette famille qu’elle détestait tant pour l’avoir appellée à une vie non pas sous le signe de la Marque des Ténèbres mais sous celui de la honte. Se levant brusquement de son lit, la jeune fille s’empara de sa cape et quitta la pièce non sans claquer violemment la porte. Durant le peu de temps qu’elle passait en ces lieux, elle ne ratait jamais une occasion de se faire remarquer par sa mère avec qui ses rapports houleux se solderaient probablement d’un duel à mort si elle s’obstinait à passer plus de cinq heures d’affilées sous le même toit qu’elle. Aussi, Willow prit le parti de se munir d’un peu de Poudre de Cheminette pour fuir le sombre manoir. Quelques minutes plus tard, elle se trouvait dans le bar du Chaudron Baveur. Les clients étaient rares, seuls quelques habitués dont l’estomac était suffisament aguerri pour supporter l’ingestion de Whisky pur Feu à cette heure matinale. Reprenant son rôle d’héritière du patrimoine des Dolohov, fière de son titre de « Personne » qui lui donnait le droit de régner sur le Royaume « Rien-du-tout » situé au milieu de « Nul Part », la jeune fille traversa la pièce non sans jeter quelques regards méprisants de ça de là avant de gagner la porte du fond et de traverser le mur de briques s’ouvrant sur le Chemin de Traverse.

Là encore, les clients n’étaient pas très nombreux. Rien ne pouvait réjouir davantage Willow qui, en vieillisant, détestait chaque jour davantage le monde et le murmure des conversations futiles et sans intérêt. Remontant la ruelle d’un pas modéré, la jeune fille aperçu bientôt la vitrine colorée du magasin de farces et attrapes tenus par le rescapé des deux jumeaux Weasley – elle n’avait jamais su duquel il s’agissait et ne s’était jamais réellement intéressé à la question. Les Weasley et les Potter – mais y pouvait-on réellement les séparer et les différencier ? – étaient probablement la famille que Willow détestait le plus ou monde. Lorsqu’elle pensait à eux, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer l’air suffisant de Victoire et de James, de quoi vomir pendant toute une année sans interruption – d’ailleurs, le secret des pastilles de gerbe résidait probablement dans ce fait ! Néanmoins, la jeune Dolohov poussa la porte du magasin, intriguée. Intriguée, oui, mais non pas par les nombreuses farces diposées sur les étalages mais par le jeune homme qui se trouvait là, innocemment appuyé contre le comptoir.

Willow n’avait jamais réellement parlé à Ted Lupin. Ils s’étaient trouvés à Poudlard à la même période mais on ne pouvait pas dire qu’ils étaient destinés à s’adresser la parole, un jour. D’ailleurs, la jeune fille doutait fort qu’il connaisse son nom et peut-être était-ce mieux ainsi ? Quoique, Malefoy et les autres avaient fait une bonne réputation à la jeune Dolohov et la ressemblance avec son père – dont les photos avaient tant circulé dans la gazette du sorcier – était tellement frappante qu’elle aurait bien du mal à se présenter comme une Helena Smith ou encore Dawn Parker. Alors qu’elle faisait mine de s’intéresser aux Chapeaux sans tête, Willow observait le jeune Lupin du coin de l’œil, s’interrogeant pour la première fois sur l’ampleur de la souffrance que pouvait représenter pour lui l’absence de ses parents. Au fil de ses pensées, son regard se faisait insistant… Un peu trop, peut-être …[

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Le plus belle atout qu’avaient les vacances, en m’étant de coté que les clients se multipliaient dans la boutique de George, était que le jeune Ted Lupin pouvait rendre visiter à sa Victoire et la voir aussi longtemps qu’il voulait – en dehors de ses heures de travail, bien entendu. A part si le patron Weasley s’était levé du bon pied et qu’il lui offrait sa journée, mais autant attendre qu’un Moldu fasse son entré dans la boutique de Farces et Attrapes. Cette pensée lui vint en tête lorsqu’il entendit les pas enfantin de Fred Junior à l’étage alors qu’il déplaçait de gros carton de la réserve à l’avant boutique. George et lui-même s’attendaient à recevoir la visite de plus de jeune sorcier que la veille. Autant prévenir que guérir comme avait dit l’autre. Ted avait déjà testé de remettre des articles en rayon avec une affluence dans la boutique et autant dire qu’une bataille avec un Troll était une rigolade à coté.
Utilisant sa baguette pour ranger les rayons aussi colorés les uns que les autres, Ted se demandait comme faisait les Moldus sans magie. Ils devaient avoir les dos endoloris à la fin de leur journée à déplacer les cartons, à gripper sur les échelles et à placer les articles. A la pensée d’un Moldu sur son échelle, un sourire s’afficha sur le visage du fils de Remus alors qu’il continuait à remplir les étagères qui s’emblaient commencer à céder sous le poids des divers Farces et Attrapes. Un bruit derrière lui attira son attention. George étaient en train de descendre les escaliers qui menaient de son appartement à la boutique. Entendant d’autre pas qui se mêlaient à ceux de George, Ted se dit qu’il n’était pas seul. Et il avait raison. Quelques secondes après, toute la nouvelle petite famille Weasley était regroupée au niveau de l’encadrement de la porte.

-Bonjour Ted !
-Bonjour tout le monde ! Avait répondu le jeune homme avant de reprendre son remplissage de boutique avant l’ouverture.

Repoussant d’un coup de pied le dernier carton vide vers la réserve, Ted regarda son œuvre avec un œil critique et haussa les épaules en se disant que les sorciers ne regarderont pas la disposition des articles mais plutôt les articles en eux-mêmes, non ? Sentant une présence derrière lui, il se retourna pour trouver un George un peu plus réveil qu’il y a quelques minutes. Ted s’était habitué aux petites habitudes de son patron, bien que les premiers temps il lui avait fallu un temps d’adaptations, mais maintenant il connaissait bien George. Assez pour savoir qu’il était temps d’ouvrir la boutique et laissait entrer les premiers clients bien matinaux.
L’air frais de ce matin là attaqua doucement le visage de Ted alors qu’il ouvrait les portes afin de vérifier qu’elles s’ouvraient bien. Puis laissant les passants pénétrés à leur gré dans la boutique, Ted se dirigea vers le comptoir pour s’y appuyer laissant son regard se perdre dans les étales. Dans ces petits moments d’attente, il lui arrivait de repenser à ses parents, de se demander comment aurait été sa vie s’ils étaient encore de ce monde, de se demander s’il aurait été vendeur dans la boutique de George s’il avait eu la présence d’un père à ses cotés.
Sentant une boule lui montait dans le fond de la gorge, Ted tenta de repousser ses pensées aussi loin qu’il pouvait. D’ailleurs il allait pouvoir penser à autre chose se dit-il en sentant quelqu’un le regarder avec insistance. Tournant son regard vers la jeune fille, il s’avança vers elle sans vraiment l’avoir regarder.

-Est-ce que je peux vous...

Sa voix se bloqua dans sa gorge quand son regard se posa vraiment sur le visage de la jeune fille afin de détailler ses traits, et le sourire qui était affiché depuis le début de la matinée sur le visage du jeune Lupin s’effaça brutalement pour faire placer à de la rage mêlé à de la colère et à une certaine tristesse, mais presque imperceptible. Malgré toutes les tentatives, Ted n’avait jamais pu oublier ce visage, mais comment aurait-il pu oublier les traits de paternel de cette jeune fille ? Comment oubliait le sorcier qui avait fait la premier page de la Gazette ? Comment oubliait la personne qui avait tué vos parents ?

A mesure que les minutes s’écoulaient – avec une lenteur qui paraissait tout sauf naturelle -, Willow commençait à regretter sa petite excursion sur le Chemin de Traverse, se demandant si elle ne ferait pas mieux de quitter la boutique pendant qu’il en était encore temps. De toute évidence, si le jeune Lupin ne l’avait pas encore aperçue, il ne tarderait pourtant sûrement pas à lui faire comprendre à quel point sa présence était malvenue. Et bien que la Serpentard se sente énervée contre la Terre entière – et plus encore, les Moldus continuant d’affirmer qu’il existait d’autres formes de vie au sein de leur galaxie – elle ne pouvait pas l’en blâmer. Après tout, la visite incongrue de Willow n’avait rien à voir avec une rencontre fortuite au détour d’une ruelle ! Ted penserait probablement qu’il s’agissait là d’une forme de provocation. Aussi était-il préférable pour la jeune Dolohov de quitter au plus vite la boutique en priant pour ne pas se faire remarquer.
Alors qu’elle commençait à se diriger le plus silencieusement possible vers la porte du magasin, Willow fut interrompu dans sa tentative de fuite par la voix du jeune Lupin qui eut pour effet de la faire sursauter si violemment qu’elle fit tomber de son coude un bocal remplit de berlingots de fièvre.

-Par tous les Sangs de Bourbe atteints de dragoncelle ! jura-t-elle entre ses dents serrées avant de se saisir de sa baguette. Reparo !

En quelques coups de baguette magique, le bocal fut réparé et les berlingots retrouvèrent leur place originelle, sur l’étagère la plus proche, parmi les autres farces destinées à berner les professeurs de Poudlard. Prenant une grande inspiration, Willow se décida enfin à se tourner vers son interlocuteur qui la fixait sans mot dire, le regard emprunt d’un mélange de sentiments indéfinissables mais qui pouvait s’apparenter à tout sauf à de l’amour !^^ Comment réagir maintenant qu’elle était piégée ? Devait-elle se montrer froide et distante, lui lancer un regard hautain avant de quitter les lieux sans plus de cérémonie ? Ou bien était-il préférable qu’elle s’excuse et tente de se montrer un peu plus humaine qu’à l’accoutumée ? Ou peut-être se devait-elle de se comporter comme la pire des pestes en provoquant Ted quant à la disparition pour le moins tragique de ses parents ?

-Je suis… désolée pour… les berlingots ! marmona-t-elle rapidemment avant de laisser échapper un profond soupir. Ecoute, Lupin, je sais ce que tu penses de moi mais crois-le ou non, les Serpentard aussi ont besoin de rire – elle désigna les farces et attrapes alignées sur les étalages -, je ne comptais pas m’éterniser…

Cela n’était pas tout à fait vrai. Ce n’était pas les derniers feux d’artifice pour sorciers qui avaient forcés Willow à pousser la porte du magasin des Weasley. En réalité, elle avait souvent essayé de s’imaginer qu’elle pourrait être sa conversation avec Ted Lupin si elle avait un jour l’occasion de lui parler. En vérité, la scène présente dépassait largement l’imagination pourtant débordante de la Serpentard. Elle était face à un jeune homme on ne pouvait plus normal qui ne suporterait sûrement pas longtemps de se trouver dans la même pièce qu’elle. Cette pensée lui communiqua l’un de ces élans de rage qu’elle peinait toujours à maîtriser. Elle pouvait tourner le problème dans tous les sens, elle serait toujours rejettée par le Monde des Sorciers et il y avait de quoi souhaiter du mal à des crétins tels que Potter le débile ou Weasley, la stupide copine de ce cher Teddy.

-Vicky n’est pas là ? demanda-t-elle d’un ton froid. C’est bien dommage, j’aurais été heureuse de la voir et je suis sûre que ce plaisir aurait été réciproque !

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Avec moins de temps qu'il en faut pour le dire, le jeune Lupin fût témoin de la chute juste spectaculaire d'un bocal rempli à craquer de berlingots de fièvre. Son visage qui était déjà rougi par la colère se détendit un minimum. Non que la fille du mangemort qui avait tué ses parents avait dit ou fait quelque chose de "bien". Non ce n'était en aucun cas lié à la jeune Dolohov. Les morceaux de verre éparpillés sur le sol rappela à la raison le jeune Ted : il était dans la boutique de George. La colère envers la représentation humain de toutes ses peines l'avait fait oublier ce léger détail. Il n'était pas question pour Ted de perdre son poste dans cette boutique ou faire une mauvaise réputation à la boutique, donc il allait garder son sang froid.

Esquissant un geste vers sa poche, il chercha sa baguette, mais son geste fût réaliser par la jeune Dolohov avant qu'il puisse sortir sa baguette de sa poche. Regardant le bocal se reformer et revenir à son emplacement d'origine, Ted ressortit sa main de sa poche, laissant son bras tombé le long de sa taille. Bien que la rage était doucement retombé et que ses cheveux rouges commençaient doucement à reprendre leur couleur brune, ses yeux ne devaient surement pas traduire un amour fou pour la jeune fille. Cela, Ted ne pouvait rien faire contre. Pendant sa scolarisation à Poudlard, il avait entendu parler d'une certaine Willow Dolohov, mais de peur de perdre son sang froid comme il l'avait fait il y a quelques secondes, il n'avait à l'époque jamais cherché à la croisé dans les longs couloirs froid du château ou à voir les traits de son visage. La vengeance était encore trop ancrée dans ses veine à l'époque pour tenter une rencontre de ce type. Enfin il faut bien l'avouer que encore maintenant le jeune Ted Lupin sentait une boule de rage montée le long de tous les muscles qui composaient son corps et que la baguette qui était dans sa poche de jean semblait lui brulait la peau. Mais qu'est-ce qu'il arriverait s'il se vengeait? Les choses changeraient-elles? Ses parents reviendraient-ils pour autant? Serait-il aussi différent que cet homme qui avait mis fin à la vie de ses parents? Non...

Inspirant une grande bouffée d'oxygène dans ses poumons, Ted voulut répondre à Willow qu'il était naturel qu'elle veuille rire et qu'elle pouvait jeter un coup d'oeil sur les farces et attrapes qui composaient cette boutique, etc... Enfin il avait voulu rester un commerçant digne de ce nom et laisser les problèmes qu'il avait avec cette fille en dehors de la boutique, mais lorsqu'elle reprit la parole en parlant de "Vicky" comme si elles se connaissaient depuis toujours, Ted ne put se soumettre à rester politiquement correct avec elle et sentit ses émotions refaire face et il savait que ses cheveux allaient bientôt commencer à virer aux rouges sang.

-Pour tout de dire Dolohov, Victoire n'est pas là, mais je ne pense pas réellement qu'elle aurait été heureuse de te voir si ça avait été le cas! commença-t-il à dire d'un ton sec et froid qu'il ne se connaissait pas. Et je pense qu'il serait préférable pour tous que tu te retournes et que tu reviennes sur tes pas pour prendre l'objet rectangulaire en bois là-bas qu'on appelle plus familièrement une porte et vaquer à tes occupations de Dolohov! Tu n'es pas la bienvenu ici, toi, ainsi que toutes les personnes dans ton genre qui ont une famille détestable et qui en sont fière!

Ted sentait que dans ses veines son sang était aussi brulant que la lave d'un volcan en éruption, mais pouvait-on le blamer pour cela? Cette fille était entrée dans la boutique de George Weasley, non pas pour les farces et attrapes qu'il refermait, loin de là, et elle avait ouvertement cherché à tirer la corde sensible en l'occurrence ici Victoire pour qu'il laissa sa colère prendre le dessus.