Ethan se fendit d’une galante courbette à l’annonce que son portefeuille repartirait comme il était arrivé, à savoir relativement plein. Abigaël avait décidément du mérite, et il se sentit quasiment gêné de ne même pas participer au repas, en bon mâle qu’il était. Notre héros ne s’en plaignit pas, néanmoins. Il ignora les haussements de sourcils appuyés que lui adressa Alice et se leva de bonne grâce pour quitter le restaurant à la suite de ces dames. Ethan n’avait strictement rien à faire de sa journée, comme souvent. Mais après tout, Abigaël avait un travail et Alice devait mourir d’envie de connaître le résultat de son entretien à la Gazette.
- Moi aussi je suis contente de t’avoir rencontrée !
L’exclamation d’Alice avait quelque chose de parfaitement incongru, mais cela ne l’empêcha pas de serrer Abigaël contre elle comme si c’était une amie de toujours. A en voir l’expression un peu gênée d’Abigaël, il était probable qu’elle n’était pas française au point de faire la bise au premier étranger venu. Ethan, d’ordinaire plus réservé, se pencha néanmoins pour lui donner une brève accolade.
- A vendredi !
Il ne s’attarda pas sur sa joie d’avoir fait la connaissance de sa demi-sœur, mais son sourire en disait long. Les deux enfants Lacan regardèrent Abigaël s’éloigner en lui adressant un dernier geste de la main. Ils se tournèrent ensuite l’un vers l’autre, scrutant leurs expressions mutuelles. Alice avait l’air ravi et surexcitée à l’idée que l’Angleterre regorge de surprises si phénoménales. Ethan, lui, avait adopté l’air perplexe de celui qui s’apprête à vivre la journée la plus atroce de son existence.
- Peut-être qu’elle a raison… maman va se demander qui elle est, à tous les coups.
- Tu aurais dû y penser avant de faire ton micmac derrière nos dos à tous, non ?
- Ethaaaaan, t’es pas drôle ! Pour une fois qu’on a un peu d’action dans nos vies ! Et papa se rappelle de Gabrielle, et je les mettrai au courant avant qu’Abi débarque évidemment !
- J’ai du mal à comprendre comment tu peux imaginer que ça va bien se passer…
Et Alice, insouciante, entraîna son frère à sa suite, songeant que le fameux vendredi arriverait bien assez vite…
THE END… pour le moment !